Résumé
Roland Barthes, accablé de demandes (articles, revues, entretiens…), n’a quasiment écrit que sur commande. La contrainte était pour lui stimulation et lui donnait un rythme. Dans le contexte des années 1970, où la publication faisait l’objet d’une méfiance stéréotypée, et où Lacan pouvait parler de « poubellication », Barthes jouait avec le système de commande/demande en trichant sur cette commande. L’insolence de certaines de ses thèses contrastait avec les supports mêmes pour lesquels il écrivait, notamment les clubs de lecture, qui connurent un essor dans les classes moyennes, après 1945, sous l’influence du modèle américain. Barthes contribua aux bulletins de ces book-clubs à la française, mais ses textes prenaient à revers les attentes du public de cadres ciblé par ces clubs. Ainsi de sa recension quelque peu critique de La Peste de Camus dans le Bulletin du Club du livre français, où l’on retrouve des échos de la querelle communiste et sartrienne dont Camus fut l’objet.
