Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Selon Valéry, il y a art quand il existe plusieurs manières de faire une même chose. Mais à l’art de faire est consubstantiel l’art de perdre. Le sentiment de la perte définit la modernité esthétique, qui valorise l’idiosyncrasique, et induit par là-même une histoire faite d’individualités toujours nouvelles, par opposition à une tradition éternelle. Les critères définitoires de la modernité (originalité, sincérité) se sont progressivement définis à l’époque préromantique, dès le milieu du XVIIIsiècle, au moment où émerge le mot même de littérature. Cette idée d’une évolution des formes est un bouleversement radical dans le rapport au temps. Pour autant, chaque œuvre ne constitue pas un hapax : le génie ne se mesure que dans le relatif (en relation avec ses contemporains, et avec ses prédécesseurs).

Ainsi naît l’histoire de la littérature, qui remplace le mode paradigmatique (imitation d’un grand modèle) par le « mode syntagmatique » ou successif, où émergent les idées de progrès, d’éloignement (son corollaire), et donc le sentiment de perte. La Renaissance elle-même se définit par un sentiment d’écart à l’égard de l’Antiquité, un écart que le Moyen Âge ne connaissait pas, car lui se vivait précisément dans la continuité du monde ancien.