Résumé
Dans l’histoire des études cette question a été abordée d’abord par la critique interne du texte (Markwardt, Nöldeke, Christensen, Boyce). On a longtemps voulu accorder un rôle essentiel à la période arsacide, qui aurait vu l’irruption dans les cours aristocratiques de récits oraux faisant intervenir des personnages renouvelant le stock avestique, et une compétition entre grandes familles parthes ; chacune aurait poussé un ancêtre putatif, héros des guerres ayant opposé le jeune empire aux Saka (cycle « gōdarzien ») ou héros des Saka eux-mêmes (cycle « sistanien » promu par la famille des Sūrēn qui assumait en effet la fonction de tāj-bakhsh attribuée à Rostam). On envisage aussi maintenant un ressourcement intervenu à la période sassanide moyenne, peut-être en liaison avec la récupération temporaire de la Bactriane. Les Touraniens et en particulier leur roi Afrāsiāb offrent une image assez fidèle, bien que composite, des maîtres de l’Asie centrale du Ve au VIIe s. Leur royaume ne paraît pas plus particulièrement nomade que l’Iran ; ils ne sont pas des étrangers complets, ce sont généalogiquement des cousins qui ont mal tourné.
En revanche ni Rostam, ni son père Zāl, ni ses descendants ne figurent dans l’Avesta. Mas‘ūdī mentionne un cycle spécifique, le Saghēsarān (« Les chefs des Saka », peuple présent depuis le Ier s. av. n. è. au Sistān < Sakastān), qui aurait été introduit dans le légendaire national tout en continuant à mener une carrière indépendante.