Salle 2, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

L’illustration des manuscrits du Livre des Rois commence de façon certaine vers la fin du XIIIsiècle, alors qu’il existe déjà une tradition manuscrite. Une multitude de manuscrits illustrés ont vu le jour depuis cette époque, certains issus des grands ateliers princiers et correspondant à des commandes précises avec un programme iconographique, d’autres destinés à un plus large public et s’attachant à satisfaire les goûts de celui-ci. Ainsi, dans certains cas, on trouve un accent mis sur les exploits guerriers s’il s’agit de satisfaire des chefs militaires, ou au contraire privilégiera-t-on des scènes de genre ou des scènes de cour pour un public lettré ou pour un public féminin. Certaines périodes ou régions connaissent une abondante production, d’autres bien moins : ainsi les Shaïbanides, au XVIsiècle, n’ont fait réaliser que très peu de copies illustrées, tandis qu’elles deviennent nombreuses à Samarkand à partir de 1600 et trouvent un vaste public. Shiraz est jusqu’à la fin du XVIsiècle le plus grand centre de copie de Livres des Rois illustrés : peu sont des commandes, beaucoup sont destinés à la vente au public iranien, mais aussi ottoman ou indien. Les très grands manuscrits comme les Shahnameh de Baysonghor (1435) – où le mécénat royal en faveur des artisans est par exemple magnifié – ou celui très fameux de Shah Tahmasb (1535) – qui a très vite servi de modèle pour les artistes iraniens – sont parmi les plus célèbres manuscrits persans. L’Inde connaît une tradition de réalisation de Livres de Rois illustrés jusque sous Akbar, mais les Grands moghols ne revendiquaient pas une relation privilégiée avec les anciens héros iraniens, alors que chez les Parsis l’épopée faisait l’objet d’un intérêt très grand. Dans certains manuscrits, une importance spéciale est donnée au cycle touranien, dans d’autres l’Iran est mieux traité. Plus négligée, la période sassanide est cependant parfois à l’honneur, ou au contraire les premiers temps de l’histoire iranienne, avec ses mythes fondateurs. L’étude de l’iconographie des manuscrits du Livre des Rois, qui devient mieux accessible à présent (Shahnameh Project), permet d’ores et déjà de mieux connaître les raisons du choix délibéré d’illustrer des scènes correspondant à des préoccupations politiques, ou militaires, en accord avec une idéologie dynastique qui varie d’une époque et d’une région à l’autre.

Intervenant(s)

Francis Richard

Bulac