15:30 à 16:30
Cours

Le fait urbain en Asie centrale préislamique : approche diachronique, approche synchronique, III : la crise urbaine et la réurbanisation (IIIe-VIs.), un processus général ? (suite) (1)

Frantz Grenet
Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
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Résumé

On résume les grands traits des villes antiques étudiées il y a trois ans pour l’Empire parthe et la Bactriane, il y a deux ans pour le Khorezm :

  • ces villes sont fondées, quand on le sait, à l’initiative d’un pouvoir impérial : les capitales politiques (Aï Khanoum, Nisa, Akchakhan-kala au Khorezm), mais aussi dans l’Empire kouchan de petites villes de garnison placées sur les axes stratégiques ;
  • les grandes villes sont faiblement occupées à l’intérieur de leurs remparts, au point que l’on peut parfois mettre en doute leur caractère véritablement « urbain » ; dans ce qui est effectivement bâti, une place considérable, parfois écrasante, est réservée aux édifices du pouvoir ;
  • ces villes ont eu un faible taux de survie sur la longue durée ; quand elles ont subsisté (Bactres, Samarkand, Merv), elles se sont profondément transformées.

Par contraste, la véritable origine du réseau urbain médiéval, par endroits prolongé jusqu’à l’époque prémoderne, se situe du Ve au VIIsiècle. Les villes qui apparaissent alors sont à la fois plus nombreuses et plus petites qu’à la période antique. Pendjikent est déjà une ville moyenne médiévale : des pâtés denses organisés en « mahallas » socialement différenciées, une poussée des maisons en hauteur, des empiètements sur l’espace public par enjambement des rues, une amorce de souk. Les mécanismes des fondations, quand on peut les apercevoir, sont différents par rapport aux époques précédentes. Il y a certes toujours des fondations stratégiques du pouvoir, mais elles sont plutôt l’exception et l’on perçoit surtout des initiatives privées. À ce propos, on commente deux textes, l’un de Narshakhi sur le processus de sédentarisation spontanée dans l’oasis de Boukhara, suivi d’une émigration aristocratique au Sémiretchié menant à la fondation de Jamukat ; l’autre, chinois (une chronique locale de Dunhuang), montrant là aussi un aristocrate émigré de Samarkand, entraînant avec lui des dépendants ruraux pour fonder quatre villes au Lob-nor.

Références