Résumé
Le folklore du Daghestan, mal connu car porté par des langues pour la plupart sans écriture, est riche en versions locales de la légende de Rostam. On en trouve aussi bien en tat, langue iranienne proche du persan, qu’en kumyk, langue turcique du groupe kiptchak, et également dans plusieurs des langues caucasiques de l’Est, indigènes de ces montagnes. L’exposé proposé dans le cadre de ce séminaire s’est penché sur deux versions collectées et publiées en 1920 par Adolph Dirr, le conte de Rostam en udi, langue parlée en Azerbaïdjan, et les exploits de Rostam en aghul. Ces deux langues ont depuis longtemps été en contact avec le monde iranien. La version udi mêle quelques éléments reconnaissables de la légende iranienne à une trame plutôt caucasienne, où Rostam se distingue parmi trois compagnons capables d’exploits en terrassant un dragon dont la tête roule et l’entraîne dans le monde d’en bas. Lorsqu’il est trahi par ses amis, la colère de Rostam se manifeste, deux fois, par une épilepsie suivie d’un sommeil léthargique. La version aghul est plus riche de références précises à des détails du Shāhnāme : Rostam naît par césarienne ; il vainc un « démon blanc », chevauche une monture nommée Rakhsh, et demande l’autorisation à son père Zãl de délivrer son grand-père Narimãn prisonnier dans une forteresse, en se déguisant en marchand.