15:30 à 16:30
Cours

Le fait urbain en Asie centrale préislamique : approche diachronique, approche synchronique, III : la crise urbaine et la réurbanisation (IIIe-VIs.), un processus général ? (suite) (7)

Frantz Grenet
Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
-

Résumé

Pour les monnaies, la chronologie est en cours d’amélioration, après la liquidation de certaines théories impossibles sur le monnayage kouchan et post-kouchan (Göbl, Zejmal’) et l’affinement (très relatif) des connaissances sur les petites monnayages d’argent des principautés sogdiennes jusqu’au VIsiècle, mais les trouvailles associées en stratigraphie aux remparts sont rares pour ces périodes. Pour la céramique, la précision ne descend généralement pas au-dessous d’un siècle ou un demi-siècle, encore moins pour la période très peu innovante du IIe au Vsiècle, ce qui impose un maillage plus lâche que la chronologie politique. Cette situation fâcheuse se ressent particulièrement à Pendjikent où les destructions partielles et reconstructions de remparts, avec parfois des déprises urbaines temporaires, obéissent tout au long des VIe et VIIsiècles à un rythme saccadé sans qu’on sache rien de précis sur l’histoire politique de la ville à ces époques. Au vu du survol événementiel présenté dans les cours précédents, on s’attendrait à trouver en Sogdiane les traces violentes de trois invasions principales : les Chionites vers 360, les Hephtalites vers 480 (ou peut-être seulement en 509, selon une autre interprétation des données chinoises), les Turcs en 556 ; par ailleurs, nous savons que la population de Samarkand fut raflée par un qaghan turc en 640. Il est possible que certaines traces de destruction relevées à Pendjikent et sur d’autres sites correspondent à l’un ou l’autre de ces épisodes, mais on n’a aucune certitude.

Un premier point d’arrêt : l’épisode chionite du IVsiècle. L’impression archéologique vers 400 (c’est aussi l’époque du sac de Rome par Alaric) est que partout les grandes villes héritées de l’Antiquité (Bactres, Samarkand, Merv) ont régressé ou régressent en surface, sans cependant disparaître. Les villes moyennes les mieux étudiées (voir le cours 2013-2014, https://journals.openedition.org/annuaire-cdf/11929) apparaissent alors partiellement abandonnées (Dal’verzintepe, Dil’berdzhin, Termez, Toprak-Kala). Dans certains cas, les remparts ne sont plus entretenus, parfois au contraire la fonction urbaine disparaît et le site devient un fort (Toprak-Kala). Parfois ne subsistent à l’intérieur que des monastères bouddhiques (Dal’verzintepe, Termez) ou des temples du « zoroastrisme local » hindouisé (Dil’berdzhin où le temple a son propre rempart). Les parties abandonnées sont réoccupées par des nécropoles (Samarkand, Dal’verzintepe, Toprak-kala, Termez – là il s’agit dans les grottes bouddhiques de Kara-Tepe d’inhumations massives ne relevant pas du rite zoroastrien ni bouddhique : un épisode épidémique ?). Au Tokharestān oriental, à Chaqalak-Tepe, seul village fouillé, le site auparavant non fortifié reçoit alors un double rempart et trois incendies marquent la période des Ve et VIsiècles.

Références