Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Après avoir défini les trois ancres (monumentales, liturgiques et textuelles) du souvenir ambrosien, l’enquête menée dans le cours se trouve au milieu du gué. On reprend donc le récit à partir du moment où Ambroise devient indésirable, soit durant l’éclipse lombarde, pour s’attarder plus longuement sur la cristallisation carolingienne du souvenir ambrosien : Angilbert II (824-859) est le premier des nouveaux Ambroise. L’histoire de ce raccommodage de la mémoire est un jeu à trois : papes, évêques, empereurs. Sous Grégoire VII, l’accord entre Rome et Milan se place sous l’ombre bienveillante d’Ambroise et Bernard de Clairvaux peut être désigné par Geoffroy d’Auxerre en 1163 comme Ambrosius redivivus. Mais durant les troubles de la Pataria et de l’effervescence précommunale, le spectre d’Ambroise revient. À travers l’analyse du nomen ambrosii chez Andrea de Strumi, Bonizon de Sutri, Arnulf de Milan et Pierre Damien, on tente de montrer qu’il s’agit d’une mémoire disputée, mais jamais compromise par aucun des camps en présence. L’analyse monumentale de la Porta romana, par laquelle la mémoire civique conjure en mars 1171 le geste urbanicide et le rituel d’humiliation publique imposé à la capitale lombarde par l’empereur Frédéric Barberousse, complète la réflexion : Milan est bien la nouvelle Rome.

Sommaire

  • Au milieu du chemin : le « présentisme », vraiment ?
  • Bricolage mémoriel (Roger Bastide) et disponibilité sociale du souvenir
  • Une grammaire des appropriations possibles du passé ambrosien
  • De quand ferons-nous repartir notre histoire ? Le banquet du diacre Fortunat et la mémoire amoindrie d’Ambroise
  • Un premier relai : Ennode de Pavie, son échec politique, son activisme littéraire
  • Carmina d’Ennode, listes épiscopales et lieux de sépulture : Ambroise n’est pas le premier mais le principe
  • Quand Ambroise devient indésirable : l’éclipse lombarde
  • Grégoire le Grand et le vicarius sancti Ambrosii (600) : Ambroise n’est plus à Milan, Milan oublie Ambroise
  • Le Versum de Mediolano civitate (739)
  • La cristallisation carolingienne du souvenir ambrosien : Angilbert II (824-859), premier des nouveaux Ambroise
  • Le sarcophage de porphyre et la langue de pourpre
  • Martin, Ambroise, l’empereur
  • La Vita carolingienne et l’épiscopat d’Anspert (868-881)
  • Encore un raccommodage de la mémoire : la dalmatique d’Ambroise et le ruban de l’évêque Ariberto d’Intimiano (1018-1045)
  • Le retournement de l’alliance impériale : Ariberto prisonnier à Corbetta (1037), première apparition du revenant ambrosien
  • Un jeu à trois : papes, évêques, empereurs
  • Henri IV à Canossa et le précédent théodosien (1077)
  • Sous Grégoire VII, un accord entre Rome et Milan sous l’ombre bienveillante d’Ambroise
  • Bernard de Clairvaux Ambrosius redivivus (d’après Geoffroy d’Auxerre, 1163)
  • La Pataria et l’effervescence précommunale
  • Andrea de Strumi, Bonizon de Sutri, Arnulf de Milan, Pierre Damien et le nomen Ambrosii : une mémoire disputée, mais jamais compromise
  • Durant les troubles de la Pataria, le spectre d’Ambroise revient sans choisir son camp
  • Porta romana, mars 1171, l’art communal
  • La conscience civique peut-elle se fonder dans un trauma originel ? L’empereur Frédéric Barberousse et la destruction de Milan
  • Geste urbanicide, humiliation publique
  • Un dispositif architectural et monumental : Milan et la nouvelle Rome
  • « En louant le Christ, nous revenons dans nos maisons » : reprendre pied dans son histoire
  • Un seuil, des couples symboliques : le cortège civil et le cortège armé, les volutes et les arches
  • Sur le pilastre oriental : l’expulsion, l’exil, la fuite
  • La violence du fondateur : quand Ambroise a le mauvais rôle
  • Ambrosius celebs iudeis abstulit edes
  • Les Ariens ou les juifs ? Une ambiguïté calculée
  • Retour à la synagogue incendiée de Callinicum et à la lettre 74 d’Ambroise à Théodose : qu’y a-t-il de disponible dans le souvenir ambrosien pour soutenir un discours d’hostilité au judaïsme ?
  • Ambroise, le saint combattant, armé de son fouet, du XIIsiècle à l’époque mussolinienne : l’avenir dure longtemps