Le 6 janvier 1439, le peuple ambrosien s’est porté au secours des livres liturgiques : le cours commence par l’analyse de « l’affaire Branda Castiglioni », qui permet de définir l’une des spécificités du Mysterium ambrosianum : l’identité liturgique milanaise se représente toujours comme une basilique assiégée. On part en quête des justifications légendaires de cette représentation sociale, à la recherche du mystérieux évêque Eugène, résistant à l’agression carolingienne. Un épisode de l’Historia Mediolanensis de Landulf l’Ancien (v. 1085) met en récit cette lutte milanaise contre l’uniformisation liturgique au temps de Charlemagne. De Beroldus au Beroldus novus et de Giovanni Arcimboldi à Pietro Casola, l’invention progressive de l’ordre liturgique par les livres demeure fidèle à cette tradition politique. L’enquête fait alors retour sur le « conflit des basiliques », lors de la Semaine sainte de 386 : l’invention ambrosienne des hymnes doit y être comprise comme chant de vigilance : « Ils racontent que le peuple est séduit par le charme de mes hymnes. Je n’en disconviens pas. Il y a là un grand charme : rien n’est plus puissant. » (Ambroise, Sermo Contra Auxentium). C’est à comprendre l’efficacité émotionnelle, communautaire et mémorielle de ce carmen que l’on tente de s’atteler dans cette séance.
11:00 à 12:00
Cours
L'invention de la tradition liturgique
Patrick Boucheron