En quoi les hymnes ambrosiens sont-ils ambrosiens ? Faisant retour à la basilique assiégée où Ambroise invente une nouvelle forme à l’hymnodie chrétienne, on vise la compréhension de l’articulation entre intuition poétique et institution politique. Mais c’est aussi une manière de poser la question du rapport entre nom d’auteur et autorité du nom. La séance est donc consacrée à donner quelques éclairages, à partir de la transmission manuscrite de l’hymnaire ambrosien, de sa dissémination dans le corpus liturgique et de son intégration dans le canon patristique, sur l’invention de la catégorie « Pères de l’Église », du pseudo-Gélase à Boniface VIII. Au-delà des florilèges et collections canoniques qui manifestent l’accord des Pères, soit, selon l’expression de François Dolbeau, « une sorte de concile virtuel d’auteurs réputés orthodoxes », on tente de saisir le propre d’Ambroise dans la tradition ambrosienne. Autrement dit, quelle fut la part d’Ambroise dans la mise en forme de sa mémoire textuelle ? À partir de sa correspondance envisagée comme collection épistolaire, qui comporte des dédicataires davantage que des correspondants, on suggère l’importance d’une enquête plus générale sur les noms des œuvres. L’invention des opera omnia par Martino Corbo et le rassemblement des manuscrits ambrosiens au xiie siècle est ultimement analysée selon les catégories de la canonisation et de la décanonisation proposées par Jack Goody.
11:00 à 12:00
Cours
Canonisation et « décanonisation » d'une autorité patristique
Patrick Boucheron