Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Le cours commence par l’évocation du séjour milanais de Pétrarque (1353-1361), qui se dit « hôte d’Ambroise » alors qu’il vit sous la protection de Giovanni Visconti, archevêque et seigneur de Milan : « Cependant, le plus beau spectacle de tous, pourrais-je dire, est un tombeau […] la voix seule lui manque pour que nous voyons Ambroise vivant. » (23 août 1353, Fam., XVI, 11). De quelle trahison politique se paie l’aventure intellectuelle de l’humanisme ? À partir des reproches de Boccace, on aborde l’expérience seigneuriale comme conflit des valeurs, débouchant sur une interrogation plus générale : comment expliquer la sourde attirance pour les formes insidieuses de personnalisation du pouvoir ? Le cours reprend alors son fil narratif, depuis le moment où, en 1277, Ottone Visconti est proclamé seigneur de la ville, en empruntant quelques carrefours de la memoria : le souvenir de Galdino della Salla comme pont mémoriel vers Ambroise ; la politique monumentale d’Azzone Visconti dominus (1328-1338) ou la seigneurie comme poursuite de la commune par d’autres moyens ; le retour du spectre d’Ambroise visibiliter avec la bataille de Parabiago (21 février 1338). Il s’achève par l’analyse du mausolée d’Azzone Visconti à San Gottardo in Corte (1342-1346) : Ambroise y apparaît comme général victorieux, on y voit la procession des cités soumises à leurs saints patrons. À travers la jeunesse et l’agressivité d’un Ambroise martial s’observe donc le passage d’un saint des cavaliers au saint cavalier.

Sommaire

  • Vicinus erit Ambrosius : le séjour milanais de Pétrarque (1353-1361)
  • Hôte d’Ambroise ou de Giovanni Visconti, archevêque et seigneur de Milan ?
  • Deux auteurs
  • Lettre à Francesco Nelli, 23 août 1353 (Fam., XVI, 11) : « Cependant, le plus beau spectacle de tous, pourrais-je dire, est un tombeau […] la voix seule lui manque pour que nous voyons Ambroise vivant »
  • Lever les yeux vers ce qui nous regarde : l’aura
  • Du remploi à la citation : Ambroise est vivant, mais il vit au passé
  • Ce qui rend Ambroise vivant est le rajeunissement de son souvenir par les luttes politiques
  • Se rapprocher d’un visage, s’éloigner du paysage : un nouveau regard sur le monde
  • De quelle trahison politique se paie l’aventure intellectuelle de l’humanisme ? Les reproches de Boccace
  • La nouvelle historiographie de l’insignorimento des institutions communales : dédramatiser sans dépolitiser
  • L’expérience seigneuriale et le conflit des valeurs
  • Une interrogation pour aujourd’hui : la sourde attirance pour les formes insidieuses de personnalisation du pouvoir
  • Retour au fil narratif : 1277, Ottone Visconti proclamé seigneur de la ville
  • Le souvenir de Galdino della Salla : un pont mémoriel vers Ambroise
  • Triomphe de la captation seigneuriale du souvenir ? La fenêtre d’abside du Dôme de Milan
  • Le palimpseste d’un missel plénier de la seconde moitié du XVsiècle (Milan, Biblioteca del Capitolo Metropolitano, Cod. II. D. 2. 32) : un saint (Gottardo) en efface un autre (Galdino)
  • Bonvesin della Riva, De Magnalibus mediolani, 1288 : la forme d’une ville, rempart contre la tyrannie
  • L’éloge de la cité bâtie et la dispersion de la référence ambrosienne
  • Azzone Visconti dominus (1328-1338), ou la seigneurie comme poursuite de la commune par d’autres moyens
  • Une politique monumentale : réaffectation des traces du passé et coups de force symbolique d’après le De rebus gestis ab Azone de Galvano Fiamma
  • Le retour du spectre : Ambroise visibiliter et la bataille de Parabiago (21 février 1338)
  • Giovanni Visconti, la commune de Milan et Sant’Ambrogio della Vittoria : un lieu de mémoire disputé
  • La militarisation du souvenir ambrosien, « comme un athlète plein de vigueur, qui rend coup pour coup » (De Iacob et vita beata, I, 8, 13)
  • Le mausolée d’Azzone Visconti à San Gottardo in Corte (1342-1346) : la commande de Giovanni Visconti et le choix du sculpteur toscan Giovanni da Balduccio
  • Le gisant, la promesse d’immortalité, et « ce récit élogieux envahissant la sculpture funéraire » (Panofsky)
  • Triomphes et trophées : Ambroise comme général victorieux, la procession des cités soumises et de leurs saints patrons
  • Commune et seigneurie, Popolo et Militia : qui sont les deux personnages qui le flanquent ?
  • Du saint des cavaliers au saint cavalier : jeunesse et agressivité d’un Ambroise martial
  • Appesantie par la crainte de l’invisible, l’âme « hante les monuments et les tombeaux, où l’on voit parfois des spectres ombreux d’âme » (Phédon, 81c)
  • Qu’est-ce qu’une histoire spectrale ? La théorie médiévale des revenants
  • Mais de quoi est fait un spectre ? « De signes, ou, plus précisément, de signatures, c’est-à-dire de ces signes, chiffres ou monogrammes que le temps marque sur les choses. Un spectre porte toujours avec lui une date, c’est-à-dire que c’est un être intimement historique » (Giorgio Agamben, « De l’utilité et de l’inconvénient de vivre parmi les spectres », dans Nudités)