Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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En se faufilant dans la brèche du triennio révolutionnaire qui suit, le 13 août 1447, la mort du duc Filippo Maria Visconti, et en tentant de repolitiser le récit de ce qu’on a appelé la « révolution ambrosienne » et qui est en réalité une restauration communale, on cherche à articuler le rapport entre tempo révolutionnaire et rythmes de la ritualité politique. La remémoration ambrosienne est le discours d’escorte de la radicalisation politique. Si le recours au saint compense bien la défaillance des princes, l’analyse permet de nuancer les fausses évidences de la religion civique par l’épreuve historiographique de la comparaison : avec la fête révolutionnaire comme « transfert de sacralité » et rite de fondation, avec le « formalisme buté » (Mona Ozouf) du spectacle festif, avec les limites de l’interprétation de l’« enthousiasme civique » (Nicolas Mariot). Le cours propose l’analyse lexicographique d’une source sérielle : les cris (crida et bando, crida et avisamento, crida et notitia) des Registri Panigarola et avec elle l’emballement d’un discours sur la république en danger. Dans les derniers cris de la République ambrosienne (demonstare la sua fede et amore portano al Stato nostro ambrosiano) s’entendent non pas des identités, mais des intentions d’identité, non pas des appartenances mais des volontés d’appartenir. Dans la brèche, s’observe donc l’irruption d’un langage politique nouveau. Ce qui posera un problème spécifique aux nouveaux maîtres de Milan : comment en effacer les traces ?

Sommaire

  • Georges Duby et la composition : projeter en avant du livre un « éclat critique » (Jacques Dalarun)
  • Un art du rythme : modèles littéraires, cinématographiques et historiographiques
  • Rendre visible l’histoire, au risque de se laisser entraîner par la cadence d’un schéma narratif
  • Il faut apprendre à se méfier de soi-même
  • En se faufilant dans la brèche du triennio révolutionnaire, 1447-1450
  • 13 août 1437, mort de Filippo Maria Visconti : lecture d’une page de Sismondi, Histoire des républiques italiennes du Moyen Âge (1807-1818)
  • La conspiration de quatre jeunes gens bien nés, la tête enfiévrée de l’idéal de la république romaine, mais aspirant à la stabilité vénitienne d’une république oligarchique
  • Restauration communale, révolution ambrosienne : il tempo della sancta libertà
  • Envahir la demeure des puissants, faire tomber leurs statues équestres : « tout était creux : puissance et statue » (Louis-Sébastien Mercier)
  • La prise du Castello di Porta Giovia, destruction d’utilité publique
  • Vers le chantier du Dôme, une procession des dépouilles
  • L’Etat des Visconti était bien un uomo mortale
  • Qu’est-ce que la Libertas des humanistes ?
  • L’idéologie républicaine de l’Italie monarchique : une « histoire souterraine » (Michelle Riot-Sarcey) du Quattrocento
  • Repolitiser le récit des années 1447-1450 avec Marina Spinelli et Lauro Martines
  • Aristocratique puis populaire, les deux temps de la révolution ambrosienne
  • Tempo révolutionnaire, rythmes de la ritualité politique : travailler l’analogie
  • La remémoration ambrosienne, discours d’escorte de la radicalisation politique
  • Le recours au saint compense la défaillance des princes : les fausses évidences de la religion civique et « l’Athènes rêvée » des médiévistes
  • 7 décembre 1447, 7 décembre 1448 : quand la ferveur politique déborde le cadre rituel de la célébration civique
  • Refroidissements contextuels : du rite à la cérémonie
  • L’épreuve historiographique de la comparaison : la fête révolutionnaire comme « transfert de sacralité » et rite de fondation
  • Mona Ozouf et le « formalisme buté » du spectacle festif : une institution sociale
  • Qu’est-ce qu’un « enthousiasme civique ? » (Nicolas Mariot) : sur les limites de l’interprétation
  • Geste acclamatif, conviction intime : ce sont les mots qui s’enflamment
  • Analyse lexicographique d’une source sérielle : les cris (crida et bando, crida et avisamento, crida et notitia) des Registri Panigarola
  • Les « Capitaines et Défenseurs de la Liberté » et leur politique de proclamation
  • L’emballement d’un discours sur la république en danger : « ces hommes de mauvaise condition qui ne désirent rien d’autre que leur propre servitude et la ruine de leur patrie que notre bon patron, notre saint Ambroise, viendra punir comme ils le méritent » (2 mai 1449)
  • Remémoration ambrosienne et mobilisation militaire : se porter au secours du protecteur céleste
  • Justifier la nécessité fiscale : une autre inversion de la dette
  • La religion civile comme sacralisation de la politique
  • De la dévotion à la filiation, de l’obéissance à l’ambrosianité comme identité choisie
  • Les derniers cris de la République ambrosienne : demonstare la sua fede et amore portano al Stato nostro ambrosiano
  • Non pas des identités, mais des intentions d’identité, non pas des appartenances mais des volontés d’appartenir
  • Dans la brèche, l’irruption d’un langage politique nouveau
  • En effacer les traces ?