Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Nous sommes donc bien, face à l’image, devant le temps : à San Vittore in Ciel d’Oro, Borromée se tient au lieu d’Ambroise. S’agit-il d’un remploi à l’envers ? En examinant les hypothèses de Martin Raspe sur les restaurations borroméennes de la mosaïque de San Vittore in Ciel d’Oro à la lumière de découvertes numismatiques récentes (une bulle de plomb à l’effigie d’Ambroise du viiisiècle identifiée par Vivien Prigent), on s’interroge sur les rapports entre ressemblance et dissemblance, et sur les accrocs dans la transmission de l’image ambrosienne. C’est une manière de se frayer un chemin entre le cours qui s’achève (« Souvenirs, fictions, croyances ») et celui qui le poursuivra l’année prochaine (« Fictions politiques »), en revenant sur les défis narratifs qui guettent celui qui voudrait raconter l’histoire de la mémoire et des oublis ambrosiens. Il lui faudrait s’inspirer de la manière dont Walter Benjamin pense l’histoire comme l’art des rapprochements, comme une politique des traces qui permet de dissiper l’aura. Le cours s’achève en faisant ultimement retour à la scène inaugurale où Augustin se place au seuil du silence d’Ambroise :  « Mais quand il lisait, ses yeux étaient conduits à travers les pages dont son esprit perçait le sens, la voix et la langue, en revanche, étaient en repos. » (Confessions, VI, 3, 3).

Sommaire

  • Nous en étions là, face à l’image, devant le temps
  • San Vittore in Ciel d’Oro : Borromée au lieu d’Ambroise
  • Les embarras de l’identité d’après la Logique de Port-Royal
  • « Nous nous contentons d’une ressemblance suffisante entre deux objets différents qui se succèdent à la même place pour dire qu’il s’agit d’un seul et même objet » (Vincent Descombes)
  • De « Souvenirs, fictions, croyances » à « Histoire des fictions politiques » ?
  • Ce qu’a vu Alexandre de Novgorod à Constantinople en 1200 (« Et quand m’as-tu vu ? »)
  • Le portrait iconique, la ressemblance et l’autoportrait (Gilbert Dagron, Décrire et peindre)
  • Historein et graphein : le nom, le sceau, l’empreinte
  • Les mots d’après l’image (ekphrasis), les mots avant l’image (eikonismos)
  • Ambroise en 1576 : « Il fut de stature médiocre, d’aspect grave et beau, le nez oblong, les cheveux blonds, le front large, avec un sourcil plus haut que l’autre »
  • L’hypothèse hasardeuse de Cesare Ratti et l’ambon de la basilique Sant’Ambrogio
  • Un remploi à l’envers ? Martin Raspe et les restaurations borroméennes de la mosaïque de San Vittore in Ciel d’Oro
  • Transmission, accrocs, accidents et désaccords
  • Sur la découverte d’une bulle de plomb à l’effigie d’Ambroise du VIIIsiècle : une « improbable coiffure » (Vivien Prigent)
  • Hans Belting et l’image vraie
  • Georges Didi-Huberman et la renaissance vasarienne comme recommencement de la naissance plinienne
  • La mort de la ressemblance par contact d’après Pline l’Ancien : qu’est-ce qui disparaît avec l’imaginum pictura ?
  • « Nous aussi nous devons de même pourvoir à ce que, pour une ressemblance, il y ait beaucoup de dissemblances » (Pétrarque, Lettres familières, XXIII, 19)
  • Toujours Pétrarque : « la voix seule lui manque pour que nous voyons Ambroise vivant » (Lettres familières, XVI, 11)
  • « Dès qu’on est — ou se croit — regardé, on lève les yeux. Sentir l’aura d’un phénomène, c’est lui conférer le pouvoir de lever les yeux » (Walter Benjamin, Sur quelques thèmes baudelairiens)
  • « Avec la trace, nous nous emparons de la chose » : l’histoire comme art de l’approche et des rapprochements »
  • La trace et l’aura, une alternative politique
  • Quelques solutions narratives pour raconter une histoire de mémoire et d’oubli
  • Retour à la scène inaugurale, Augustin au seuil du silence d’Ambroise : « Mais quand il lisait, ses yeux étaient conduits à travers les pages dont son esprit perçait le sens, la voix et la langue, en revanche, étaient en repos » (Confessions, VI, 3, 3)
  • Tolle, lege, tolle, lege : la conversion d’Augustin, ou « l’étrange contagion du silence de la lecture ambrosienne » (Pascal Quignard)
  • Au plus près des mots, et cor intellectum rimabatur
  • « Cor, en somme, suggère ce qui, chez l’homme, est séparé (du corps ou de ses membres) ; quelque chose en désaccord profond avec la résonance du chœur accordé de plusieurs voix consentantes » (Marina Tasinato, L’œil du silence. Éloge de la lecture)
  • La barque silencieuse

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