Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

C’est dans l’avant-propos à son Histoire de la Révolution française que Michelet évoque ce « trait singulier de la France », dont le peuple n’aurait compris la politique que « comme dévouement et amour ». À la fin du XXe siècle encore, l’histoire politique de la fin du Moyen Âge en faisait sa doctrine. Mais de quel amour peut-on aimer ses rois ? Une enquête dans la littérature doctrinale, mais aussi dans les actes de la pratique permet de mieux définir cette rhétorique de l’ordo politicus où se nouent amour naturel et sentiment national. Une comparaison entre la France et la Castille permet de mettre en avant la prééminence d’un modèle parental dans cette injonction à aimer la patrie comme on aime le roi, parce qu’il est le père du peuple.

Sommaire

  • Tristesse des générations sans maître
  • Dans la cathédrale d’Albi, pour saluer Jean-Louis Biget
  • De la peur de l’enfer à l’amour du roi (Jean-Louis Biget, Sainte-Cécile d’Albi. Peintures, Toulouse, Odyssée, 1994)
  • Louis XII, prince sans dol et père des peuples
  • Retour au bal des Ardents (1393) : quand le souverain fait la bête
  • « Notre bon roi qui est en maladie » (Christine de Pisan) : pourquoi Charles VI est-il « le Bien-Aimé » ?
  • Un « amour obstiné » pour le roi : « remarquable exception française » (Bernard Guenée, La Folie de Charles  I : roi bien-aimé, Paris, 2004)
  • Recherches de la France, d’Étienne Pasquier (1596) à Pierre Nora (2013)
  • Amour naturel et adhésion nationale : « Mais les Français aiment leur roi. Ils l’aiment, comme ils aiment le royaume, d’un “amour naturel” » (Jacques Krynen, L’Empire du roi. Idées et croyances politiques en France, XIIIe-XVe siècle, Paris, 1993)
  • De quel amour peut-on aimer les rois ? (Lydwine Scordia, « Concepts et registres de l’amour et du désamour du roi à la fin du Moyen Âge », dans Amour et désamour du prince du haut Moyen Âge à la Révolution française, Nanterre, 2011)
  • L’amour, la dette et la « hiérarchie des dilections » (Christophe Grellard, « Dieu, les autres et moi : la hiérarchie des dilections à la fin du Moyen Âge », Médiévales, 2012)
  • Par l’amour du roi, l’amplification de l’ordo politicus
  • Ferventius regius amor : la rhétorique de l’amour obligé dans les préambules des actes des rois de France (Lydwine Scordia, « Enquête sur l’amour du roi dans les sources royales du XIVe siècle », dans Gouverner les hommes, gouverner les âmes. XLVIe Congrès de la SHMESP, Paris, 2016)
  • « L’amour des États envers le roi est donc “vrai” parce qu’il est démontré, concrètement, par l’acte de consentir » (Sylvie Quéré, « L’Amour du roi dans le discours des États de Languedoc au XVe siècle », Revue Française d'Histoire des Idées Politiques, 2019)
  • Le roi et son royaume : cœur battant, cœur savant, cœur aimant (Alexandre Bande, Le Cœur du roi. Les Capétiens et les sépultures multiples, XIIIe-XVe siècles, Paris, 2009)
  • La « bonne et ferme loyaulté et parfaite amour » dans les lettres de rémission (Claude Gauvard, “De grace especial”. Crime, État et Société en France à la fin du Moyen Âge, 1991)
  • Une « parole gelée » ? Routines langagières et efficacité politique
  • (Jocelyne Dakhlia, « La question des lieux communs. Des modèles de souveraineté dans l’Islam méditerranéen », dans Bernard Lepetit dir., Les Formes de l’expérience. Une autre histoire sociale, Paris, 1995)
  • Dans le Poema del Cid, amour du roi et modèle parental (Georges Martin, « Amour (Une notion politique) », Cahiers d’études hispaniques médiévales, 1997)
  • Figures politiques du naturalisme amoureux (Mélanie Juste, « “Un feu caché au fond des entrailles” : La théorisation de l’amour par Alfonso de Madrigal, dit « El Tostado » (1404/1410-1455) », Cahiers d’études hispaniques médiévales, 2015)
  • La privanza comme amitié gouvernementale (François Foronda, Privauté, gouvernement et souveraineté. Castille, XIIIe-XIVe siècle, Madrid, 2022)
  • Le roi couché, image de majesté en régime de privauté
  • La bête et le souverain, encore, ou le « vice maure » d’un roi soumis (François Foronda, « Le prince, le palais et la ville : Ségovie ou le visage du tyran dans la Castille du XVe siècle », Revue historique, 2003)
  • La camarilla des favoris (Nicolas Le Roux, La Faveur du roi : mignons et courtisans au temps des derniers Valois (vers 1547-vers 1589), Seyssel, 2000)
  • L’amour du père et l’amour du censeur
  • Mourir pour la patrie, ou pour le père de la patrie ?
  • Depuis Michelet, la question de l’amour de roi, à l’ombre de la Révolution française
  • « C’est ici un trait singulier de la France. Ce peuple n’a compris longtemps la politique que comme dévouement et amour » (Jules Michelet, avant-propos à L’Histoire de la Révolution française, Paris, 1847-1853).