Résumé
Si l’amour est le roman de fondation de l’Occident, il en exprime les hantises politiques bien davantage que l’assurance de son édification morale. C’est le cas dans Belle du seigneur d’Albert Cohen, mais aussi, trente ans avant, dans L’Amour en Occident de Denis de Rougemont. On entreprend à partir de là une analyse du fole amor telle qu’il se déploie dans les différentes versions de Tristan et Iseut aux XIIe et XIIIe siècles, en s’interrogeant sur les déplacements qu’elles opèrent dans les trajectoires du désir entre l’amour, la mort et la guerre. De là un questionnement sur l’historicité des catégories de l’amour courtois, mais aussi sur la fonction anoblissante d’un sentiment à la fois intense et distancié.