Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
-

Résumé

Si l’amour est le roman de fondation de l’Occident, il en exprime les hantises politiques bien davantage que l’assurance de son édification morale. C’est le cas dans Belle du seigneur d’Albert Cohen, mais aussi, trente ans avant, dans L’Amour en Occident de Denis de Rougemont. On entreprend à partir de là une analyse du fole amor telle qu’il se déploie dans les différentes versions de Tristan et Iseut aux XIIe et XIIIe siècles, en s’interrogeant sur les déplacements qu’elles opèrent dans les trajectoires du désir entre l’amour, la mort et la guerre. De là un questionnement sur l’historicité des catégories de l’amour courtois, mais aussi sur la fonction anoblissante d’un sentiment à la fois intense et distancié.

Sommaire

  • « Encore », ou le désir d’y revenir : histoire des pouvoirs et structure de la domination
  • « Aller jusqu’où va la fêlure » (Gilles Deleuze, « Zola et la fêlure », Logique du sens, Paris, 1969)
  • Relire Albert Cohen et Belle du Seigneur (Paris, 1968) ?
  • « J’ai un étranger dans mon cœur, pensait-elle » : l’amour, la mort, l’amour(t) (Stéphane Habib, La Langue de l’amour, Paris, 2016)
  • Le paria, le prophète et l’Occident : Albert Cohen et les hantises de l’amour-passion (Philippe Zard, La Fiction de l’Occident : Thomas Mann, Franz Kafka, Albert Cohen, Paris, 1999)
  • Denis de Rougemont en 1939, en quête de « notre psyché occidentale »
  • « Seigneurs, vous plait-il d’entendre un beau conte d’amour et de mort ? » : Joseph Bédier et la mise en prose des premières versions versifiées de la légende tristanienne (Michel Zink, Tristan et Iseut. Un remède à l’amour, Paris, 2022)
  • Qu’est-ce qu’un mythe ? Quand Wagner vend la mèche
  • « Sans le savoir, les amants malgré eux n’ont jamais désiré que la mort » (Denis de Rougemont, L’Amour en Occident, Paris, 1939)
  • « Hé bien ! la guerre » : amour-passion et ferveur politique
  • Relire L’amour en Occident, « livre naguère célèbre » (Paul Zumthor, Miroirs de l’amour, Paris, 1952) ?
  • Une première triangulation : fole amor, fin’amor et bone amor (Alain Corbellari, Prismes de l’amour courtois, Dijon, 2018)
  • Jean-Paul Sartre et Chrétien de Troyes ligués contre le philtre d’amour (Alain Corbellari, « Sartre et le mythe tristanien », Études sartriennes, 23, 2019)
  • De l’énigme du « partage des corps » dans le Roman de Tristan à Érec et Énide
  • Logiques narratives de la mise en prose (Emmanuelle Baumgartner, Le « Tristan » en prose. Essai d’interprétation d’un roman médiéval, Genève, 1975)
  • Tant regarde Palamedes Yselt que Trisanz s’en aperçoit, et bien conoist a son semblant qu’il l’aime de tot son cuer : une seconde triangulation, celle de la trajectoire du désir
  • Palamède et la figure du chevalier sarrasin : un autre empoisonnement, celui de l’ambivalence gréco-arabe
  • De la domination à la dilection  : le féminin comme expression figurée (Christiane Marchello-Nizia, « Amour courtois, société masculine et figures de pouvoir », Annales ESC, 1981)
  • Un discours de compensation symbolique (Rüdiger Schnell, “Causa Amoris”. Liebeskonzeption und Liebesdarstellung in der mittelalterlichen Literatur, Munich, 1985)
  • « Tous devaient chanter ses louanges » : la dame exhibée comme un trophée dans le Lai de Graelent
  • La construction historiographique de la catégorie de l’amour courtois au miroir de nos hantises contemporaines (Zrinka Stahuljak, L’Archéologie pornographique. Médecine, Moyen Âge et histoire de France, Rennes, 2018)
  • Gaston Paris, l’exclusion philologique des fabliaux et la mission civilisatrice de l’aristocratie française
  • Amour courtois et divorce républicain : « On ne conçoit pas de rapport pareil entre mari et femme » (Gaston Paris, « Études sur les romans de la Table ronde : Lancelot du Lac », Romania, 1883)
  • Courtoisie, galanterie, noblesse des sentiments
  • « Dès le douzième siècle provençal, l’amour était considéré comme noble. Non seulement il ennoblissait mais encore il anoblissait » (Denis de Rougemont)
  • Qu’est-ce que la dilectio morosa ? Le plaisir du désir inassouvi, indéfiniment prolongé et savouré (Charles Baladier, Érôs au Moyen Âge. Amour, désir et « delectatio morosa », Paris, 1999)
  • Un seul amour intense et distancié pour deux aristocraties
  • Comparer les arts d’aimer et les prééminences sociales (William M. Reddy, The Making of Romantic Love, Longing and Sexuality in Europe, South Asia, and Japan, 900-1200 CE, Chicago, 2012)
  • Richard Cœur de Lion et Philippe Auguste en 1187 : « Henri II était profondément étonné par l’amour véhément qui existait entre eux et se demandait ce qu’il pouvait signifier » (Stephen Jaeger, The Ennobling Love: In Search of a Lost Sensibility, Philadelphie, 1999).