Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Depuis les années 1970, les problématiques humanitaires sont un des éléments-clef de la vie internationale. Parmi les caractéristiques principales de l'action humanitaire contemporaine, trois s'en détachent : son adaptabilité, son caractère évolutif, l'existence d'un « système de l'aide » à l'échelle mondiale. Progressivement construit, il a vocation à se mettre en place – suivant des modalités variables – en situation de catastrophes naturelles ou de conflits armés.

Or, depuis le début du XXIe siècle dans ce dernier cas – surtout dans les contextes d'affrontements radicalisés à forts enjeux politico-idéologiques religieux, ethniques – l'accès, l'impartialité et la présence même de tiers humanitaires [qu'ils soient d'origine non gouvernementale (organisations du Mouvement Croix-Rouge, Croissant-Rouge ou ONG) ou publique (avant tout les agences onusiennes spécialisées dans le domaine)] sont de plus en plus remis en cause par nombre d'acteurs politico-militaires locaux étatiques ou non. Les travailleurs humanitaires (nationaux comme internationaux) ainsi que les organisations auxquelles ils appartiennent sont, dès lors, confrontés à des refus d'accès massifs aux populations en nécessité d'aide, à des risques accrus d'instrumentalisation, et enfin à une détérioration accélérée des conditions de sécurité. Quand ils ne sont pas spécifiquement ciblés.

Autrement dit, ils font face à la négation d'un « espace humanitaire » autonome permettant une évaluation préalable des besoins, la mise en œuvre non discriminatoire de l'aide, le contrôle et l'évaluation de son impact, l'accès relativement libre aux victimes. Si ce concept d'« espace humanitaire » a été critiqué, la réalité de ces difficultés n'est pas niable. D'où des interrogations croissantes sur le sens, la portée et l'acceptabilité du geste humanitaire dans certaines zones géographiques : nord-est du Sri-Lanka (en 2009), territoires dominés par les milices islamistes shebab en Somalie, régions tribales pakistanaises, nord du Mali (de mars 2012 à février 2013), parties du territoire syrien contrôlées par les divers groupes rebelles depuis 2012.

Intervenant(s)

Philippe Ryfman

Professeur associé à l'Université Paris 1 (France)

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