Résumé
Au cours des vingt dernières années, l'établissement de chiffres de morbidité et de mortalité est devenu pratique courante dans les organisations d'aide. Les enquêtes de morbidité et de mortalité sont habituellement menées pour des raisons d'ordre pratique. Mesurer la prévalence de la malnutrition ou de la rougeole après une campagne de vaccination, évaluer un taux de mortalité infantile, localiser un foyer d'infections intestinales permet de décider de priorités et de s'assurer de l'impact d'une stratégie sanitaire. Ces chiffres sont cependant aussi des outils de communication utilisés pour attirer l'attention des médias sur certaines situations afin de les mettre à l'agenda des décideurs politiques. Les données statistiques sont désormais au centre de controverses politiques. Les récents débats sur les conflits du Darfour (Soudan), du Kivu (RDVC) et de l'Irak suggèrent que plus s'accentue ce tournant quantitatif et plus il se prête à des manipulations politiques et juridiques. Cette intervention examinera les relations entre l'analyse et la présentation des données de mortalité des conflits d'une part, et, d'autre part, le sens de celles-ci dans les différents forums où elles sont présentées.