- Patrick Boucheron – L'art de décrire avec sagacité
- Romain Bertrand – Du cercle d'Iéna à l'ethnoscience. Quelques horizons littéraires de l'anthropologie de Philippe Descola
- Etienne Anheim – Décomposer, recomposer le monde. Histoire et historicité dans l'œuvre de Philippe Descola
- Sophie Houdart – Pour des écritures raccordées ?
Interventions
Résumé
L’œuvre de Philippe Descola a provoqué, dans le champ des sciences humaines, l’une des grandes secousses théoriques de ces dernières décennies. En dénaturalisant l’idée même de nature par la mise en exergue de la pluralité des ontologies ordonnant les rapports entre humains et non-humains, partant en provincialisant le grand partage anthropocentriste constitutif de la notion européenne de « modernité », les travaux de Philippe Descola n’ont pas fait que préciser les contours de « l’anti-mythe » de nos sociétés. Dans une veine humboldtienne, ils ont ré-ouvert l’espace des possibles descriptifs en redonnant droit de cité, dans le récit de l’historien et de l’ethnologue, aux êtres qui, par le jeu des (in)différences, en avaient été bannis. L’« anthropologie de la nature » de Philippe Descola nous invite ainsi à mieux décrire, c’est-à-dire à décrire « plus » : à multiplier les présences qui agitent nos histoires – et ce non pas sous la forme d’identités figées, mais sous celle d’entités labiles qui n’ont de propriétés que celles que fugacement leurs entrelacements leur assignent. C’est dans cette perspective narrative et descriptive que l’échange entre historiens et anthropologues peut se relancer.