Résumé
Pour Brunelleschi comme pour Le Pogge au XVe siècle, l’invention dans les ruines du passé fut d’abord une expérience urbaine. Mais un siècle auparavant, Cola di Rienzo fut déjà ce piéton accablé dans l’Urbs fracta, face à la violence sociale des barones urbis. À partir notamment du témoignage de l’Anonimo romano, le cours restitue l’expérience historique du notaire romain dans sa dimension politique (comment « organiser le peuple » ?), urbaine (comment déchiffrer les reproches que nous font les ruines de la grandeur ?) et idéologique (quel miroir de Rome le tribun peut-il opposer à ses concitoyens ?) Parole désarmante, le verbe de Cola se renverse en harangue tyrannique – « alors le tribun commença à se faire haïr », lit-on dans la Cronica de l’anonyme romain. En tentant de nouer les notions de renversement, de profanation et de lisibilité, l’analyse aborde la question de l’anachronisme et du reenactment : peut-on rejouer l’histoire ? Telle est la question que pose tragiquement l’aventure politique de Cola di Rienzo.