Résumé
En rejouant l’entrée du Christ à Jérusalem, le rituel de la première entrée épiscopale conjugue donc reenactment et adventus – mais on ne doit pas croire pour autant que, lorsqu’il est saisi par le pouvoir politique, ce rituel de l’entrée ne sert qu’à exalter la personne du souverain ; bien au contraire, le cas de Louis XI et de ses entrées escamotées trahit le fait que le rituel peut aussi tester les limites et les contradictions du pouvoir. Mettant à distance l’inévitable téléologie de l’école cérémonialiste, la séance s’interroge sur la possibilité d’une expérimentation rituelle, notamment à partir d’une analyse de la dédition des bourgeois de Calais en 1347. Retrouvant, avec Jean-Marie Moeglin, la tradition de l’amende honorable, et donc les traces de l’humiliation souveraine, derrière les incohérences du discours de Froissart, on suggère donc que ce sont les ratés du rituel qui font les événements politiques. Telles sont les conditions de l’expérimentation rituelle, puisqu’il appartient au rituel de se nier comme tel, ouvrant donc la possibilité même de son renversement.