Résumé
Comment fonder une société politique chrétienne dès lors que le bois de la croix est, selon la belle formule de Jacques Dalarun, « la charpente et l’écharde des sociétés médiévales » ? Le cours pose la question à partir de la mise à l’épreuve du christianisme par les missionnaires jésuites au Japon au XVIIe siècle. Mais il s’agit surtout de proposer, à partir de l’expérience politique de Grandmont, une grammaire de l’expérimentation politique qui peut se décliner en huit règles de base. Toute expérimentation politique est une expérience existentielle (1) et le lien qu’elle instaure est de répétition et non de fondation (2). Pour aiguiser le sens de la communauté (3), on construit le consensus en isolant la pars minor (4) : tel est le lien de division (5) qui caractérise les expérimentations médiévales. Or, pour que durent les institutions (6), il faut tenir compte à la fois de la réversibilité des expériences politiques (7) et de leur capacité à changer d’échelle pour constituer une utopie plausible (8). C’est sur cette notion de scalabilité, pensée depuis les propositions d’Anna Tsing, que s’achève provisoirement le cours, déplaçant l’interrogation de l’anthropologue du contemporain sur les « bords broussailleux des ruines du capitalisme » vers le dilemme médiéval face aux ruines de l’Empire romain.