Aï Khanoum
La ville d’Aï Khanoum, à la frontière de l’Afghanistan et du Tadjikistan, est mieux connue du public occidental ; la documentation en est en tout cas plus accessible [1]. Elle a été fouillée de 1964 à 1978 par la DAFA (Délégation archéologique française en Afghanistan) sous la direction de Paul Bernard. Après l’interruption de la fouille par les événements d’Afghanistan, le site a été soumis à un pillage complet. Certains objets qui en étaient très probablement issus sont apparus sur le marché des antiquités et ont été publiés. À supposer que la fouille puisse reprendre un jour, elle ne pourrait concerner que de petits secteurs.
La chronologie maintenant admise par l’équipe chargée de la publication situe la fondation vers 290-280, sans doute à l’initiative d’Antiochos Ier, corégent de son père Séleucos, et la fin de l’occupation grecque au moment de l’assassinat du roi gréco-bactrien Eucratide Ier (vers 171-144) qui avait refondé la ville sous le nom d’Eucratidia, sans doute pour en faire sa capitale principale. Pendant cette dernière étape, la ville connut des reconstructions majeures, en partie inachevées ; c’est alors notamment que se structure la zone du palais, dont l’aspect précédent est mal connu. Ces grands aménagements sont donc à peu près contemporains de la grande période de construction de Nisa. Pour cette raison, et parce que la réflexion des fouilleurs s’est nourrie de l’expérience de ceux de la ville parthe, il paraît justifié d’aborder à sa suite l’étude d’Aï Khanoum. Certes, entre Vieille Nisa et Aï Khanoum on change complètement d’échelle (la superficie intra-muros est neuf fois supérieure), mais on verra dans les cours suivants que certains problèmes se posent de manière analogue, notamment le caractère duel de l’ensemble urbain.