Le cours et le séminaire de cette année ouvrent un cycle envisagé pour se poursuivre sur deux ou trois ans et visant à offrir une prise de vue sur l’archéologie de l’Asie centrale préislamique dans sa continuité, en liaison avec la préparation d’ouvrages collectifs de référence. Deux approches combinées sont prévues : les recherches sur l’irrigation, à propos desquelles deux journées d’études se tiendront les 4 et 5 juin 2015, et « Le fait urbain en Asie centrale préislamique : approche diachronique, approche synchronique », sujet du cours et du séminaire.
Au début des années 1970, Paul Bernard avait proposé à Henri-Paul Francfort un sujet de thèse sur l’urbanisation de l’Asie centrale. Francfort s’aperçut rapidement que le sujet n’était pas alors traitable, faute de données formant des séries suffisantes, et il le réorienta, avec succès, vers la seule étude des systèmes fortifiés. Francfort et moi sommes d’accord pour dire qu’aujourd’hui le sujet existe vraiment, mais qu’en même temps il dépasserait de beaucoup la matière d’une thèse. La documentation s’est développée à la fois en profondeur et en cohérence chronologique : qu’il suffise de rappeler qu’en 1970 on ne connaissait encore l’âge du bronze centrasiatique que sur le piémont du Kopet-Dagh, et que la notion de « civilisation de l’Oxus », autrement dénommée « BMAC » (Bactria-margiana archaeological complex), n’avait pas encore été construite. Par ailleurs, pour les périodes postérieures à l’âge du bronze, on dispose maintenant d’une masse critique d’informations sur plusieurs sites clés (Aï Khanoum, Samarkand, Pendjikent) et de connaissances substantielles sur beaucoup d’autres alors inconnus ou quasi inconnus (Dzharkutan, Ulugtepe, Kampyrtepa, Dal’verzintepe, Dil’berdjin, Erkurgan, Paykand, etc.).