Salle 2, Site Marcelin Berthelot
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Dal’verzintepe

Dal’verzintepe, également en Ouzbékistan, sur le piémont du Surkhan-darya, l’affluent de l’Amu-darya qui se jette à Termez et forme la vallée principale du Tokharestân septentrional, été fouillée surtout de 1962 à 1974 par l’équipe issue de la JuTAKÈ [1]. Le schéma évolutif est proche de celui de Kampyrtepa, à ceci près que les étapes ont été parcourues plus tôt : une citadelle de 4 ha dès l’époque gréco-bactrienne, puis une ville basse qui aurait reçu sa première fortification au Ier s. de n. è., donc avant les Grands Kouchans ou au début de cette période. L’échelle aussi est différente puisque le site fortifié fait 31 ha, ce qui en fait le site majeur du Tokharestân septentrional après Termez, et qu’il possède une banlieue et une ceinture agricole irriguée de taille conséquente. Sa fin fut plus lente : une désertion progressive aux IIIe et IVs., processus parachevé par les invasions nomades. Le faciès social apparaît beaucoup plus diversifié qu’à Kampyrtepa. On n’a pas vraiment d’indice d’une population militaire (mais la citadelle a été peu fouillée), et le réseau des rues n’est pas déterminé par l’accès aux tours. Les activités commerçantes sont représentées par un quartier de potiers et une échoppe à vin. L’ambiance artistique générale est toute autre qu’à Kampyrtepa : plusieurs maisons et même le petit sanctuaire bouddhique des potiers possédaient des peintures murales de grande qualité [2]. Deux grandes maisons reprennent le plan de base des maisons d’Aï Khanoum, mais avec une amplification et un surhaussement de la salle de réception, une bipartition des autres locaux pour laquelle plusieurs explications peuvent se présenter (partie publique et partie privée, aile des hommes et aile des femmes ?), mais en même temps une atrophie des salles de bains qui étaient présentes dans toutes les demeures grecques.

Références

[1] G.A. Pugachenkova, È.V. Rtveladze (éd.), Dal’verzintepe, Tashkent, 1978 ; P. Bernard, « Une nouvelle contribution soviétique à l’histoire des Kushans », art. cité ; B.A. Turgunov, « Excavations of a Buddhist temple at Dal’verzin-tepe », East &West, 42, 1992, p. 131-153.

[2] Le sanctuaire des potiers a été publié comme étant voué à une déesse zoroastrienne ou « locale », mais Kazim Abdullaev (contribution inédite) a depuis établi son caractère bouddhique en identifiant le décor peint comme figurant le Grand Départ de Kapilavastu.

[3] Le sujet a été identifié par l’auteur de ces lignes, voir F. Grenet, « Between written texts, oral performances and mural paintings : illustrated scrolls in pre-Islamic Central Asia », in J. Rubanovich (éd.), Orality and textuality in the Iranian world, Leyde, 2015, p. 422-445.

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