Résumé
L’avocat hellénophone Priskos de Panion (410/420-après 472) participa à une ambassade envoyée par l’empereur romain d’Orient, Théodose II, à la cour d’Attila en 449 apr. J.-C. Une aventure qu’il rapporta dans son Histoire byzantine portant sur la période 434-474 et qui nous fut transmise par les Excerpta Constantiniana, anthologie d’historiens réalisée par Constantin VII Porphyrogénète (912-959), dans le chapitre relatif aux ambassades.
En 449, Attila, à la tête d’une armée composite, menace l’Empire romain. À la fin de l’été, l’ambassade arrive à la cour de cet ennemi redouté, sans doute en Serbie actuelle. Attendant avec les autres membres de l’ambassade d’être reçu par Onégèse, le second d’Attila, et de lui remettre des présents, Priskos entend parler grec : le dialogue s’engage avec un ancien marchand de Viminacium en Mésie, devenu l’esclave des Huns, puis l’un des leurs après avoir combattu à leur profit. Ce dernier se livre à une critique de la société romaine et de son droit, pour mieux mettre en valeur les vertus des Huns. La réponse de Priskos se présente comme un éloge du droit. Les fondateurs de la politeia romaine, dit-il, ont décidé d’une répartition des tâches (protecteurs des lois, guerriers, agriculteurs) : cette description est, de fait, en contradiction avec l’idéologie républicaine du citoyen soldat-paysan. On peut la rapprocher plutôt de la cité idéale de Platon. Mais c’est de l’Empire à partir de Dioclétien que Priskos parle, avec la réforme du recrutement militaire. Son discours est riche de références à la pratique juridique et à l’idéologie impériale, lorsque Priskos répond à la critique d’une justice mal exercée dans l’Empire romain. Lorsqu’il parle des « personnes qui doivent veiller à l’exécution des sentences, pour empêcher que la sentence reste inappliquée ou qu’elle ne soit appliquée avec trop de sévérité », il fait référence aux exsecutores, une des figures de l’organisation judiciaire de l’Antiquité tardive, reprenant la définition de leurs fonctions dans les constitutions impériales (C., 7, 53, 8 ; C., 7, 65, 5). Quant à la durée des procès, elle est due – c’est toujours Priskos qui répond aux critiques de son interlocuteur – à l’exigence scrupuleuse des juges d’établir la vérité. Enfin, pour démontrer l’égalité devant la loi, Priskos rappelle que l’empereur lui-même y est soumis. Ce principe, qui distingue la monarchie de la tyrannie, est d’ailleurs souvent répété par les empereurs (I., 2, 17, 8 ; C., 6, 23, 3).