Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

La deuxième leçon a précisé les critères invoqués pour déterminer s’il y a, dans la nature, des « articulations » plus naturelles que d’autres (chat, argent, carbone, électron, planète) auxquelles correspondraient parfaitement nos systèmes classificatoires : la ressemblance, le succès prédictif et explicatif, les critères a priori, les critères sémantiques. On a montré leur fragilité, et la possibilité de ne trouver les concepts d’espèces légitimes qu’à condition souvent de baisser d’un cran nos prétentions métaphysiques : en préférant, par exemple, dans le cas des espèces chimiques, au critère de « hiérarchie », celui de rôle explicatif et prédictif ; ou encore en admettant l’idée d’espèces aux contours « vagues ». S’agissant des critères sémantiques, on a rappelé la fragilité du critère de simplicité (ainsi « H2O » et « l’élément dont le nombre atomique est 79 » désignent bien, intuitivement, des espèces naturelles – si du moins on l’admet aussi de « eau » et « or » –, or ils ne sont pas sémantiquement simples. On a commencé à évoquer les suggestions, apparues dans les années 1970 chez Saul Kripke ou Hilary Putnam, d’un possible chevauchement systématique des critères sémantiques et des critères métaphysiques, et conclu cette première étape de la réflexion : 1) en rappelant la contestation par les empiristes (Locke-Hume) de la possibilité (liée au modèle rationaliste cartésien) d’une connaissance des espèces naturelles a priori ; 2) en indiquant déjà deux parades possibles : mieux utiliser le concept de nécessité a posteriori (Kripke) ; repenser l’essentialisme, en évitant, certes, de revenir à des formes dépassées de néo-aristotélisme (peu en accord avec les avancées de la science), mais aussi de réduire l’essence à une pure modalité. Car on doit distinguer entre :

Df1 : F est une propriété nécessaire de a ssi a a F dans tous les mondes possibles qui incluent a. Par ex : dire que l’eau est essentiellement H2O, signifie que dans tout monde où il y a de l’eau, elle est composée de H2O (et que dans tout monde où on trouve la bonne configuration H20, c’est de l’eau) ; et :

Df2 : F est une propriété essentielle de a ssi le fait d’être F est constitutif de l’identité de a ; qui est la définition que reprennent, dans un sillage aristotélicien, les médiévaux, puis Locke. L’essence d’une chose est ce qui détermine quelle sorte de chose elle est et ce qui détermine ensuite son appartenance à telle ou telle espèce. C’est pourquoi quiconque nierait que les choses ont une essence, devrait nier l’existence d’une différence spécifique entre elle ou lui et, disons, un âne ou un chou (Thomas d’Aquin).

Références