Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
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Les textes de Kellis réaffirment plus nettement encore une répartition du grec et du copte selon les domaines documentaires : le copte est exclusivement utilisé pour les lettres privées, alors que le grec est la langue exclusive des documents juridiques ou administratifs. Par ailleurs, s’y esquisse un lien entre femmes et usage du copte qui peut être dû à la fois à ce que le grec était la langue de la sphère publique contrairement au copte, langue de la sphère privée, du domaine familial, mais aussi aux conditions de scolarisation (et donc d’accès à la langue grecque) nettement défavorables aux femmes.

Cet ensemble documentaire est le premier à montrer qu’au milieu du IVsiècle, le copte était désormais bien acclimaté dans la population laïque et employé couramment jusque dans les zones les plus excentrées du territoire égyptien, et qu’il était le fait de bilingues. La forme des lettres porte d’ailleurs la marque profonde de ce bilinguisme à travers une diplomatique hybride, faisant couler un contenu d’expression copte dans un moule grec auquel on accepte aisément de se soumettre.

Après les oasis et des cercles non directement monastiques, le dernier ensemble du IVsiècle est celui des archives de l’anachorète Apa Jean (Lycopolite, c. 375-400), qui se composent pour l’instant de 34 papyrus, tous des lettres (14 en grec et 20 en copte), adressées principalement par des moines, clercs, soldats, fonctionnaires et particuliers à un certain Apa Jean (personnage connu par l’Histoire lausiaque de Pallade et l’Enquête sur les moines d’Égypte) afin que celui-ci prie pour eux ou intercède en leur faveur auprès des autorités.

C’est la première fois qu’un dossier comprenant des textes coptes émane de milieux aussi socialement divers. Or les coptographes y sont avant tout des moines, ce qui témoigne du rapport de plus en plus univoque entre copte et monachisme. C’est aussi le premier dossier dont les acteurs attestent une maîtrise restreinte, voire nulle, du grec, à commencer par son protagoniste, Apa Jean, incapable de signer en grec : l’usage du copte est donc cette fois-ci clairement conditionné par les déficiences linguistiques des rédacteurs.

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