Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
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Les premiers textes coptes sont des textes littéraires, à une seule exception près, une lettre privée trouvée à Kellis (oasis de Dakhla) – document singulier qui fait pour l’instant figure d’intrus. Ce document de la fin du IIIe ou du début du IVsiècle a été diversement interprété, soit comme relevant du vieux-copte soit comme le premier exemple documentaire de copte. La question met en jeu les relations qu’entretiennent le vieux-copte et le copte et, au-delà de ce problème d’écriture, le passage du paganisme au christianisme : aux partisans d’un modèle de la continuité entre les deux s’opposent ceux qui prônent une théorie de la rupture, plus vraisemblable en raison de la fonction de ces deux écritures et du milieu dans lequel elles apparaissent. Tandis que le vieux-copte a servi à rendre plus compréhensible ou performatif un patrimoine rituel païen figé, le copte, lui, est une langue véhiculaire élaborée par les chrétiens à la fois pour rendre dans leur langue et diffuser un nouveau patrimoine de langue grecque (la Bible) et pour communiquer entre eux. Notre ostracon de Kellis entre donc bien dans la catégorie des textes écrits en copte, même si sa langue peut être légitimement qualifiée de « protocopte » (ou pour suivre la terminologie de R. Kasser de « protocopte graphèmes vieux-coptes ») : il nous donne à voir les balbutiements de l’écriture copte naissante avant sa standardisation.

La quasi-absence de documents coptes dans la première phase d’utilisation de cette écriture donne à réfléchir. La fonction d’un texte littéraire est très différente de celle d’un texte documentaire : le premier est un objet culturel dont la diffusion est censée dépasser le plus souvent le cas particulier de celui qui le possède, s’inscrire dans la durée et relever d’une activité de l’esprit (qui peut être purement intellectuelle ou revêtir des formes plus spécifiques comme l’édification religieuse) ; le second est un texte véhiculant des informations utiles dans le cadre limité de ceux qui les écrivent et les lisent, s’inscrivant normalement dans l’urgence de l’action quotidienne (lettres, pétitions, contrats, documents administratifs). Chacun documente des activités humaines très différentes, et, en cela, le décalage qu’il a pu y avoir, à la fin du IIIsiècle, entre l’usage du copte dans le domaine documentaire par rapport au domaine littéraire n’est pas anodin. Il faut attendre le siècle suivant pour voir véritablement éclore une production documentaire en copte alors même que la production littéraire continue en s’intensifiant. Pour mieux comprendre ce décalage, il nous faut maintenant examiner ces premiers documents coptes, qui, contrairement aux textes littéraires, ont l’avantage d’être plus aisément contextualisables et de nous faire connaître le profil de ceux qui les ont rédigés.

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