L’examen des textes en vieux-copte nous a amenés à nous intéresser à la sociologie de leurs lecteurs et/ou rédacteurs, dans le but de définir les fonctions de cette écriture et d’identifier non seulement les facteurs qui ont contribué à son développement, mais aussi les caractéristiques paléographiques, textuelles et contextuelles qui la distinguent du copte proprement dit.
Le profil des rédacteurs et des lecteurs de textes en vieux-copte, contrairement à celui, plus bigarré, des utilisateurs du pré-vieux-copte, est clair et homogène et nous oriente vers le milieu des temples égyptiens ou, avec les textes magiques plus tardifs, des milieux en connexion avec les temples ou la religion égyptienne traditionnelle. La fonction du vieux-copte dans ces textes est globalement d’aider à vocaliser l’égyptien, fonction d’autant plus importante que la bonne prononciation de ces formules est essentielle pour leur performativité. Outre l’absence de vocalisation propre à l’écriture égyptienne, se pose aussi de façon de plus en plus aiguë l’écart grandissant entre la langue parlée et l’orthographe des écritures hiératique et démotique. Pour cela, les prêtres ont développé un système de translittération à base des lettres de l’alphabet grec complétées de signes notant des sons inconnus au grec qui dérivent du démotique. Ces signes frappent par leur ressemblance avec ceux qui seront définitivement adoptés par le copte proprement dit et par la relative homogénéité que renvoient des textes de régions aussi différentes que le Fayoum, Oxyrhynchos ou Thèbes, malgré quelques différences formelles. Puisque ce système s’observe déjà au complet dans l’Old Coptic Horoscope de l’extrême fin du Ier siècle, cela signifie qu’il s’était pour ainsi dire canonisé à cette époque et diffusé dans les temples de l’ensemble du pays.