L’érosion du démotique observable durant le siècle qui précède la conquête romaine s’accéléra brutalement dès le début du Haut-Empire sous l’effet de la romanisation. Cette dernière évinça le démotique de l’espace public : les affichages bilingues disparurent. Dans les transactions entre particuliers, les Romains commencèrent par obliger le déclarant – quand ce n’était pas aussi le bénéficiaire – à apposer une souscription détaillée en grec qui reprenne les termes du contrat pour qu’un acte démotique puisse être valide et enregistrable. Ils supprimèrent l’enregistrement local : le grec s’imposa à la majorité comme la seule solution.
La suppression, au Ier siècle avant J.-C., des laocrites, ces prêtres-juges égyptiens, avait par ailleurs fait disparaître l’unique instance devant laquelle les actes démotiques pouvaient être produits, la justice se rendant dorénavant exclusivement en grec ; on continua néanmoins à rédiger des actes selon le droit égyptien, mais en grec, ce qui explique la nécessité, aussi bien pour les notaires que pour les juges, de disposer dorénavant de traductions grecques des coutumiers démotiques.
Dans ces conditions, la pratique documentaire démotique confirma son recul (après un soubresaut dans la première moitié du Ier siècle après J.-C.). Abstraction faite des souscriptions ou résumés démotiques dans des contrats grecs (que l’on trouve encore au IIIe siècle), les transactions rédigées en démotique se réduisirent aux ventes, et disparaissent durant le Ier siècle après J.-C. Les documents contractuels qui soient connus au-delà de 100 apr. J.-C. émanent des milieux sacerdotaux.