Dans son Liber gestorum in Lombardia,le notaire et chroniqueur Pietro Azario intègre dans son récit sur Bernabò Visconti une anecdote tirée de la novellistica. Doit-on ici parler de contamination de l’histoire par la fiction ? On se propose ici de la traiter comme d’une inflammation : au feu de la fiction, l’histoire devient disponible à une compréhension en matière d’anthropologie politique – notamment en ce qui concerne l’exercice de la justice et l’usage de l’arbitrium. On tente de le montrer à partir de l’analyse codicologique d’un manuscrit composite du XVe siècle, qui compile des nouvelles ayant Bernabò Visconti comme protagoniste, mais aussi la Storia di Firenze de Goro Dati. Voici également ce que cherchait Machiavel dans sa Vie de Castruccio Castracani, pour boucler l’entreprise d’archéologie textuelle qui s’achève avec cette quatrième leçon consacrée à l’étrange destin littéraire du tyran milanais : c’est lorsque le récit historique s’ouvre à la puissance fictionnelle du cas Bernabò Visconti, à sa capacité de novellisation du réel, qu’il laisse passer non pas la vérité du fait, mais celle du moment historique.
11:00 à 12:00
Cours
Le cas Bernabò
4. L'histoire au feu de la fiction
4. L'histoire au feu de la fiction
Patrick Boucheron
11:00 à 12:00