Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Face à l’indétermination des temps, Machiavel suggère de frapper les esprits par quelques « rares exemples de lui-même, semblables à ceux que l’on raconte à propos de messire Bernabò de Milan ». Le cours propose l’archéologie textuelle de cette notation du chapitre XXI du Prince, tenter d’approcher une figure historique pour prendre la mesure de ses reconfigurations par la fiction politique. Comment « dévisager le tyran » ? On propose d’abord de mobiliser les outils traditionnels de l’histoire des représentations : étude emblématique – d’où vient la vipère des Visconti ? –, iconographique – que nous apprend le mécénat de Bernabò, et notamment l’étude du Guiron le courtois (BnF, Nouv. acq. fr. 5243) ? – et monumentale : comment l’implantation palatiale des Visconti à Milan trahit-elle la morsure seigneuriale de la mémoire urbaine ? Mais c’est l’analyse du monument funéraire de Bernabò Visconti qui permet de prendre la pleine mesure de ce qui apparaît moins comme une étude de cas que l’étude d’un cas.

Sommaire

  • Du passé, nous sommes séparés, alors pourquoi écrire l’histoire ? (Levent Yilmaz, Le temps moderne, 2014)
  • Le point de bascule machiavélien du chapitre 15 : « aussi est-il nécessaire à un prince, s’il veut se maintenir, d’apprendre à pouvoir ne pas être bon et d’un user et de n’en pas user, selon la nécessité »
  • Du De principatibus au Prince, de la typologie de la production sociale des états à l’anthropologie de l’exercice du pouvoir
  • Entre les anciens et les modernes, entre « la continuelle lecture des antiques » et « l’expérience des choses modernes », le passé moyen
  • L’irruption d’un nom : « Il est aussi très avantageux pour un prince de donner de rares exemples de lui-même pour le gouvernement des choses du dedans (a’ governi di dentro) — semblables à ceux que l’on raconte à propos de messire Bernabò de Milan ; quand il en a l’occasion, lorsque quelqu’un fait quelque chose d’extraordinaire, ou en bien ou en mal, dans la vie civile, il doit choisir une façon de le récompenser ou de le punir dont on sera amené à beaucoup parler »
  • On raconte qu’il savait faire parler de lui : le hors-champ narratif de la novellistica
  • Grands hommes et uomini grandi : dans les Histoires florentines, « messire Bernabò » nomme le temps moyen de l’action politique
  • Une étude de cas classique ? Tenter d’approcher une figure historique pour prendre la mesure de ses reconfigurations par la fiction politique
  • Dévisager le tyran, 1 : de quelle profonde entaille se creuse le sourire de Cangrande della Scala ? Dévisager le tyran, 2 : droit, sévère, majestueux et martial, Bernabò Visconti sculpté par Bonino da Campione
  • Monuments funéraires et triomphes politiques, ou l’axe Milan-Vérone
  • L’enracinement dynastique, le blason et le portrait (Hans Belting)
  • La biscione des Visconti : la guivre et l’horizon onirique de la croisade (Paolo Zaninetta, Il potere raffigurato, 2013)
  • Du serpent à la vipère : histoire d’une mue symbolique
  • La vipera che i Melanesi accampa (Dante, Purg, VIII, 80), l’enfant recraché ou avalé : encore le pouvoir cannibale
  • Les serpentina machinatione du sens, ou la politique ondoyante des Milanais
  • Souffrir m’estuet : animal totémique et devise de Bernabò Visconti (Laurent Hablot)
  • À la tête d’une cavalcade seigneuriale, de l’effigie équestre du podestat Oldrado di Tresseno (1233) à la statue perdue d’Azzone Visconti, seigneur de Milan (1329-1339)
  • Chevaux modernes, chevaux antiques : le Regisole de Pavie, « une statue équestre en bronze recouverte d’or, au sommet du forum, qui semble gravir à vive allure le sommet de la colline » (Pétrarque, Seniles, 5, 1)
  • Le cheval de Bernabò, un « portrait de museau » (Armelle Fémelat)
  • L’enluminure lombarde et le traitement naturaliste du réel : du Tacuinum sanitatis (BnF, Nouv. acq. lat. 1673) au Guiron le courtois (BnF, Nouv. acq. fr. 5243)
  • Le mécénat de Bernabò Visconti et la culture courtoise européenne (Kay Sutton)
  • Charles Borromée face au monument funéraire de Bernabò Visconti dans l’église San Giovanni in Conca en 1567 : le tombeau comme provocation
  • Son lieu : la rocca seigneuriale en tant que recinto sacro, brève histoire d’une transgression urbanistique
  • L’incertaine mémoire topographique de la Cà di can, palais de Bernabò Visconti à Milan
  • Une reconstitution archivistique et archéologique de l’implantation palatiale des Visconti à Milan : la morsure seigneuriale (Edoardo Rossetti, « In “contrata de Vicecomitibus”… », dans Pier Nicola Pagliara et Serena Romano dir. Modernamente anichi…, Rome, 2014)
  • Pietro Azario, Chronicon de gestis principum Vicecomitum (avant 1363) « [...] ac a lateribus stipatum, statuis referentibus eius iustitiam et fortitudinem, quibus virtutibus innixus regit ; eamque statuam locauit in superficie altaris maioris »
  • Galeazzo II et Bernabò Visconti, deux styles de gouvernement : par la norme et par la grâce (Andrea Gamberini, La città assediata, Rome, 2003)
  • Plenitudo potestatis ou plenitudo honestatis ? (Nadia Covini, “La balanza dritta”, Milan, 2007)
  • Force de loi : les deux allégories féminines de la force et de la justice sont moins en tension qu’en soutien
  • Non pas une étude de cas, mais l’étude d’un cas

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