Que fait-on, en politique, lorsqu’on « met les rieurs de son côté » ? À partir de l’étude de la nouvelle siennoise de Mattano du pseudo-Gentile Sermini (Novelle, XXV), et s’appuyant sur les travaux d’Odile Redon et de Lauro Martines notamment, le cours tente de définir les mécanismes narratifs et sociaux de la beffa et de produire une interprétation globale de cette capacité de la littérature satirique à « vendre la mèche » (Pierre Bourdieu) sur les règles implicites du jeu social. Si les formes médiévales de la distinction sont ici placées au bord de la fiction, son analyse sociologique est si transparente qu’elle est paradoxalement mise en défaut. La nouvelle agit certes comme rappel à l’ordre du parvenu dont la folie fut de croire vrai ce que les institutions disaient d’elles-mêmes – et notamment dans les fresques politiques du Palazzo pubblico de Sienne. Le rire de châtiment social qui se déclenche alors manifeste l’inégale distribution sociale de la fragilité ontologique. Telle est la leçon de ce charivari politique : la portée subversive paradoxale de cette nouvelle consiste à montrer qu’inverser n’est pas renverser.
11:00 à 12:00
Cours
La tyrannie des rieurs
Patrick Boucheron
11:00 à 12:00