Pour comprendre les rapports qui se nouent entre tyrannie équitable, cruauté et exercice du pouvoir judiciaire dans la postérité fictionnelle de Bernabò Visconti, et en prolongement des réflexions développées dans le cours de l’année précédente sur l’imaginaire de la dévoration et le pouvoir cannibale, le cours explore le thème de l’inversion symbolique entre tables de la dérision et tables de la séduction. Du banquet macabre de Domitien (Dion Cassius, Histoire romaine, LXVII, 9) à la poésie médiévale du Cœur mangé, il s’agit bien d’approcher une généalogie de la puissance. On en propose une analyse à partir d’un large corpus, depuis les facéties du Pogge jusqu’à la reprise du motif de la femme captive, du chevalier décapité et du roi guéri, de Sercambi à Masuccio de Salerne et Giovanni Sabadino degli Arienti. Mais comment guérir le prince de la peur qu’il suscite ? Tel est l’enjeu de la nouvelle du bouffon Gonella chez Matteo Bandello, où la controbeffa tourne mal, preuve que le pouvoir ne peut plus jouer innocemment à faire peur.
11:00 à 12:00
Cours
Le cas Bernabò
3. Festin de la tyrannie
3. Festin de la tyrannie
Patrick Boucheron
11:00 à 12:00