Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Pour comprendre les rapports qui se nouent entre tyrannie équitable, cruauté et exercice du pouvoir judiciaire dans la postérité fictionnelle de Bernabò Visconti, et en prolongement des réflexions développées dans le cours de l’année précédente sur l’imaginaire de la dévoration et le pouvoir cannibale, le cours explore le thème de l’inversion symbolique entre tables de la dérision et tables de la séduction. Du banquet macabre de Domitien (Dion Cassius, Histoire romaine, LXVII, 9) à la poésie médiévale du Cœur mangé, il s’agit bien d’approcher une généalogie de la puissance. On en propose une analyse à partir d’un large corpus, depuis les facéties du Pogge jusqu’à la reprise du motif de la femme captive, du chevalier décapité et du roi guéri, de Sercambi à Masuccio de Salerne et Giovanni Sabadino degli Arienti. Mais comment guérir le prince de la peur qu’il suscite ? Tel est l’enjeu de la nouvelle du bouffon Gonella chez Matteo Bandello, où la controbeffa tourne mal, preuve que le pouvoir ne peut plus jouer innocemment à faire peur.

Sommaire

  • Le banquet macabre de Domitien (Dion Cassius, Histoire romaine, LXVII, 9) : « tous étaient saisis de crainte et tremblement »
  • Le premier des présents, lorsque l’on vit sous le règne de la tyrannie, c’est d’avoir la vie sauve : « le processus de la survie se trouve ainsi capté » (Elias Canetti, Masse et puissance)
  • Renverser la table du symposion (Konrad Vössing, « Mensa Regia ». Das Bankett beim hellenistischen König und beim römischen Kaiser, Munich, 2004)
  • Mets noirs et sarcophages : la subversion des rites et des espaces des funérailles romaines (Manuel Royo, dans Banquet du monarque dans le monde antique, Rennes, 2014)
  • Survivre à la terreur, c’est non pas vivre en plus, mais moins que vivre
  • Dérèglements de l’imitatio Augusti : « les triomphes, ou plutôt, comme le disait la foule, les obsèques que Domitien célébra pour ceux qui étaient morts en Dacie et à Rome » (Dion Cassius)
  • « Quelle joie de jeter à terre ces visages superbes, de courir dessus le fer à la main, de les briser avec la hache, comme si ces visages eussent été sensibles et que chaque coup eût fait jaillir le sang ! » (Pline le Jeune, Panégyrique de Trajan)
  • Retour à Bernabò Visconti : tyrannie équitable, cruauté et exercice du pouvoir judiciaire
  • Où se grippe l’engrenage : « Bien qu’il fut cruel, il y avait dans ses cruautés une grande part de justice » (Franco Sacchetti, Trecentonovelle, 4)
  • La florentina libertas et l’humanisme civique : monopolisation impériale et confiscation conceptuelle
  • Bernabò, personnage de la novellistica toscane, incarne-t-il l’imposé de la seigneurie ?
  • De Vito Vitale (Archivio storico lombardo, 1901) à Luigi Barnaba Frigoli (Archivio storico lombardo, 2007) : un parcours et un corpus
  • Tables de la dérision et tables de la séduction : le cœur mangé (Jean-Claude Mühlethaler dans Nelly Labère dir., Être à table au Moyen Âge, Madrid, 2010)
  • Le seigneur qui coûtait vingt-neuf deniers, ou les quatre questions posées au faux abbé (Sacchetti, Trecentonovelle, 4)
  • Une justice impitoyable, sanglante et exemplaire : portrait d’ensemble
  • Généalogie de la puissance : elle ne passe pas sans reste dans l’acte, « mais se conserve comme puissance dans l’acte même, et peut à ce titre s’ouvrir à d’autres usages, d’autres actes, d’autres fins » (Gwenaëlle Aubry Genèse du Dieu souverain)
  • Sur le fil du rasoir : le paysan et son âne (Lodovico Domenichi, Facezie, motti e burle)
  • Citoyen et ambassadeur de Bologne si vobis placet : les Facéties du Pogge
  • Per volontà bestiale : la femme captive et le chevalier décapité et le roi guéri, de Sercambi (Novelle, VI) à Masuccio de Salerne et Giovanni Sabadino degli Arienti (d’après Anna Fontes Baratto, dans L’après Boccace, Paris, 1994)
  • Le seigneur et son bouffon : la peur qui guérit et celle qui tue (Matteo Bandello, Novelle, IV, 17)
  • Quand la controbeffa tourne mal, ou quand le pouvoir ne peut plus jouer innocemment à faire peur (Romain Descendre, dans Chroniques italiennes, 2013)
  • « La puissance trouve sa limite dans le fait qu’elle ne peut pas réellement rappeler les morts à la vie ; mais la grâce longtemps suspendue donne souvent au souverain l’impression qu’il a franchi cette limite » (Elias Canetti, Masse et puissance)

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