En quoi les auteurs de la novellistica sont-ils « habiles et légers » ? C’est qu’ils manifestent ce qu’Italo Calvino appelait une « légèreté pensive » (pensosità) qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité. Le « bond léger » de Guido Cavalcanti, confronté à la brigata spendericcia de Betto Brunelleschi qui lui cherche noise dans la neuvième nouvelle de la sixième journée du Décaméron exprime cette attitude. On en propose ici une lecture à la lumière de la sociologie historique des institutions communales. Mais une lecture historique de cette nouvelle, s’appuyant sur la notion de cas et de « forme simple » (selon André Jolles) doit aussi tenir compte du fait que la scène se passe dans un cimetière. Revenant au récit-cadre de Boccace et à « l’horrible commencement » que constitue la peste noire de 1348, on définit l’événement comme inoubliable et indescriptible : la fiction a pour fonction de percer cet effroi. Elle permet aussi de définir le tyran, avec Elias Canetti, comme un survivant au pouvoir.
11:00 à 12:00
Cours
Boccace, le survivant et la tyrannie de la mort
Patrick Boucheron
11:00 à 12:00