Résumé
Dans ses essais et dans son grand roman L'Homme sans qualités, Robert Musil défend une position singulière dans l'espace métaphilosophique, qui combine le naturalisme philosophique avec le romantisme. Cette conception peut être caractérisée de manière adéquate (en allusion à Quine) comme un « romantisme naturalisé ». Dans la ligne de raisonnement par laquelle Musil défend cette conception, les paradoxes de l'autoréférence sont un élément crucial. Ces paradoxes ont joué un rôle de premier plan dans la crise des fondements des mathématiques aux alentours de 1900. Je me propose de reconstruire la ligne de pensée de Musil, qui va depuis les paradoxes de l'autoréférence jusqu'au domaine du non-ratioïde, en l'intégrant dans le contexte de la crise des fondements des mathématiques.