Amphithéâtre Guillaume Budé, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Cette communication s'intéressa au défi que constituent, pour notre conception ordinaire de la rationalité théorique, les cas de ce qu'il est convenu d'appeler « acrasie épistémique », que l'on peut définir prima facie comme les cas dans lesquels un sujet se trouve croire ce qu'il sait pourtant par ailleurs avoir de bonnes raisons (des raisons théoriquement suffisantes) de ne pas croire. Comment en effet rendre compte de phénomènes empiriques aussi banals que celui du mensonge à soi-même ou de l'aveuglement volontaire, sans admettre une partition au sein de nos raisons de croire, entre par exemple des raisons théoriques et des raisons pratiques, qui seraient incommensurables entre elles, ou qui, du moins, entretiendraient des rapports conflictuels, mettant à mal notre représentation de la raison comme faculté législatrice unitaire, cohérente et en droit universelle ?

Nous intéressant plus particulièrement au cas du mensonge à soi-même, notre but sera de proposer un cadre descriptif et explicatif qui permette non seulement de rendre compte de la possibilité de ce type d'irrationalité théorique, mais aussi de l'évaluer sur le plan normatif : si nous avons d'authentiques « devoirs épistémiques » - et nous défendrons la thèse que nous en avons effectivement -, en quel sens celui qui y déroge en se mentant à lui-même en est-il responsable ? Dans la perspective d'une éthique de la croyance, peut-on aller jusqu'à affirmer qu'il commet là une faute ? Ce sera là l'occasion de nous interroger sur la légitimité et la pertinence de l'importation de certaines catégories morales et de normes de la rationalité pratique au sein de la sphère de la réflexion épistémologique et de la compréhension de la rationalité théorique.

Intervenant(s)

Aude Bandini

Université de Montréal, Université du Québec à Montréal

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