Résumé
On se propose de « partir de situations littéraires et d’essayer d’étendre leur intelligence sur nos manières de nous y prendre avec la vie », en faisant « cheminer un regard sur la parole et un regard sur l’écologie ». En effet, parler du monde prend une part active dans notre rapport à lui. Or, on observe une méfiance à l’égard du langage : il faudrait se taire pour pouvoir mieux entendre le monde. Pourtant la parole, notamment poétique, permet en fait de répondre au monde et du monde. C’est tout le programme de Jacques Demarcq, qui, dans La Vie volatile, cherche à « écrire avec les oiseaux à l’oreille, en vue, à l’esprit » : il ne s’agit pas de faire parler les oiseaux, ni de parler comme eux, mais d’écrire en leur présence, en faisant confiance au langage. Jean-Claude Pinson, qui affirme qu’« un chant pousse en nous depuis les arbres », verbalise, grâce à la précision du langage poétique, notre relation symbiotique avec les végétaux. Lui-même s’inspire du travail d’Aurélie Foglia, poète qui prend au sérieux le silence des arbres et invite à une parole pleine de tact, qui fasse place à un chant venant d’eux, et qui suive leurs lignes noueuses, à la manière du sculpteur Giuseppe Penone. Toute une part de la poésie contemporaine nous montre ainsi que tout se mêle et se trouble entre humain et non-humain : les énoncés bien formés permettent précisément de dire ces états de réalités riches, en créant les liens justes, comme le fait le poète avec la syntaxe.