Résumé
Les années 1970 sont, d’une part, celles du tournant linguistique, qui, en faisant de la langue un paradigme, s’intéresse au variable et à la différence, et implique une certaine mobilité de la lettre ; elles sont, d’autre part, le moment de l’extension de la littérature mondiale – les productions littéraires circulent de façon accélérée et abondante – de sorte que la lettre, jusqu’alors liée au logos et à la vérité, devient une réalité mobile, beaucoup moins importante. Dans ce cadre, la traduction s’offre comme un « espace de redistribution culturelle », propre à « désuniversaliser », et un espace de réflexion sur un certain nombre de questions contemporaines. Par exemple, les problèmes suscités par la traduction d’un texte raciste entraîneront tantôt une traduction avec apparat critique, tantôt une traduction interventionniste, qui consiste à changer le texte. On se propose ainsi de voir dans la traduction l’expression des enjeux de l’époque où elle apparaît : en multipliant les types de traductions possibles, on multiplie aussi les approches critiques des œuvres littéraires.