Résumé
La littérature est un dispositif gérant la durée, selon une succession de plans qui se relaient et s’entrechoquent. On propose ici une analyse du montage du texte de La Princesse de Clèves dans la continuité des travaux de Michel Charles.
En premier lieu, on peut voir que sa cohérence (les éléments « nécessaires et indéplaçables ») est apparentée au modèle de la tragédie. Mais on note aussi des effets de liste et de répétition, qui n’ont rien de nécessaire (comme le motif de la volonté de retraite par la princesse, qui revient à dix reprises). Néanmoins, il est possible de rendre utiles toutes les répétitions, soit en complexifiant l’histoire, soit en postulant l’existence de « cohérences régionales », c’est-à-dire d’histoires multiples. Enfin, il faut analyser le rythme du montage : alors que les recommandations du XVIIe siècle favorisent les transitions longues et discrètes, La Princesse de Clèves propose au contraire un rythme fortement scandé (par la chronique royale).
On peut dégager de cette analyse trois grands types d’hypothèses organisatrices : le partitionnement, la sérialisation et l’ordonnancement.