Résumé
Selon Paul Valéry, l’art suppose plusieurs manières de faire ; dès lors s’impose un choix dans la génétique du texte, qui va séparer l’œuvre entre une origine et un terme, qui ne sont pas nécessairement identiques. Par exemple, parmi les variantes possibles du dénouement du Cid, des « recommandations d’origine empirique » ont permis de trancher, à savoir les règles qui s’imposaient au théâtre classique.
Valéry s’était proposé de faire une œuvre qui montrerait les « nœuds » de son élaboration, i.e. la diversité des hypothèses qui se présentent à l’esprit en train de la composer. Ces « possibles textuels » se décomposent en trois catégories de variantes : 1) les textes fantômes (projections mentales de l’auteur, au cours de sa rédaction) ; 2) le « halo des textes possibles » (anticipation par le lecteur des suites possibles, au cours de la lecture concrète, et qui se remodèle au fur et à mesure de cette lecture) ; 3) les versions (différentes interprétations attestées d’un même texte). Certaines œuvres, comme Manon Lescaut ou Les Faux-monnayeurs laissent affleurer ces bifurcations, des indices qui mettent le lecteur sur la voie d’autres versions possibles et rendent compte d’un moment critique dans l’élaboration du texte par son auteur.