Résumé
En Grèce ancienne, les sanctuaires oraculaires, et Delphes en particulier, étaient le lieu de production des « plus grandes, des plus belles et des premières des lois » (Platon,République, 427b) : les oracles. Attribués au dieu lui-même, ces arrêts s’imposaient tant dans le domaine religieux que dans le domaine politique. Cependant, voir dans cette attribution divine la seule source de l’autorité oraculaire est en grande partie simpliste. Les sanctuaires oraculaires sont en effet des institutions productrices de normes et à ce titre mettent en place un processus de construction et d’authentification de la parole divine qui passe par différents agents humains, allant de la Pythie au secrétaire du dieu. Il s’agit donc de s’interroger sur la manière dont ces agents de par leur sélection, leur formation, leur mise en scène et leur collaboration, sont les dépositaires d’une autorité religieuse qui se cristallise dans l’énoncé oraculaire.