Résumé
La présente leçon continue de repérer les attestations de nomos en tant qu’ordonnancement voulu par les dieux. Chez Héraclite d’Éphèse, on trouve (fr. 144 D-K6) une intéressante comparaison entre le socle commun des logoi qu’est le logos (cf. fr. 2 D-K6) et le socle commun des nomoi humains qu’est le nomos divin, dont il est dit qu’« il domine autant qu’il veut, [qu’]il les protège tous et l’emporte (sur eux) ». Le caractère fragmentaire et l’obscurité de l’œuvre de l’Éphésien rendent difficiles l’analyse et la compréhension fine de ces assertions. En outre, Héraclite se démarque clairement de ses devanciers et de leurs manières de décrire le monde, au premier rang desquels Homère et Hésiode. Toutefois, il continue de s’exprimer dans une langue traditionnelle, et ce travail sur la tradition laisse (comme dans le cas de Solon) percevoir des représentations partagées, fussent-elles repensées et recomposées dans un projet spécifique. En l’occurrence, l’articulation entre norme divine et normes humaines résonne avec ce que laissent apparaître les auteurs antérieurs.