Résumé
Poursuivant l’investigation sur l’eunomia archaïque, la présente leçon se penche tout d’abord sur la portée du terme nomos dans l’œuvre d’Hésiode. Sur le plan divin, dans la Théogonie, la déesse Eunomia est fille de Thémis et de Zeus. Quant au nomoi que Zeus ordonne parmi ses pairs en divinités, il s’agit des usages normés qui sont chevillés à la répartition des honneurs qui leur reviennent (les timai) et auquel le dieu préside en tant que garant de la themis. Dans Les Travaux & les Jours, le nomos que Zeus ordonne pour les humains est étroitement associé au don de la dikē, la justice : la norme de comportement des hommes, loin de la prédation qui caractérise les animaux, doit donner congé à la force. En conséquence, en fonction de la portée de chacune des deux œuvres (stabilisation du cosmos pour la Théogonie, hymne à Zeus et à sa justice pour Les Travaux & les Jours), le nomos est un ordonnancement infusé respectivement par la bonne répartition des timai (qui est une forme d’eunomia) et par la dikē.
Peu après l’œuvre d’Hésiode, dans la première moitié du VIIe siècle, le poète Tyrtée a chanté, à l’intention des Spartiates, une élégie qu’Aristote et Strabon associent à la notion d’eunomia. C’est à circonscrire la portée de cette œuvre largement perdue que s’attache la dernière partie de la leçon.