Résumé
Après l’analyse de l’élégie de l’Eunomia de Solon, il s’agit d’approfondir la compréhension de l’articulation entre autorité divine et action politique dans son œuvre. Les fragments 5, 34 et 36 de l’édition West sont ainsi appelés à la barre pour comprendre comment se traduit le passage d’un état de dysnomia à un état d’eunomia pour la cité. L’action de Solon telle qu’il la revendique et l’explicite dans ces fragments consiste à cheviller étroitement l’une à l’autre violence (bia) et justice (dikē) dans le règlement des conflits, et une telle référence impose de convoquer une fois encore le travail sur la tradition poétique antérieure et, plus précisément encore, sur l’œuvre d’Hésiode. Une comparaison systématique entre la résolution de la stasis des dieux dans la Théogonie et l’action de Solon face à la stasis qui menace sa cité, assortie d’incursions dans Les Travaux & les Jours, permet d’affiner la compréhension du fragment 36 où le législateur évoque les lois qu’il a édictées (des thesmoi), en réintégrant dans le poème « le pouvoir du nomos » qu’autorisent certains témoins de la transmission du texte. Si cette lecture est recevable, elle place en arrière-plan des actes posés par Solon les impératifs d’un ordonnancement voulu par les dieux.