Salle 2, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Dans le but d’offrir un contrepoint romain à l’intervention de Carmine Pisano sur l’autorité grecque et sa relation aux dieux, la conférence se donne comme objectif de discuter une affirmation d’H. Arendt (La Crise de la culture. Huit exercices de pensée politique,Paris, 1972, p. 162), selon laquelle les dieux romains auraient eu sur leurs concitoyens mortels de l’autorité plus que du pouvoir : « Les dieux aussi ont de l’autorité chez les hommes, plus qu’un pouvoir sur eux ; ils "augmentent" et confirment les actions humaines mais ne les commandent pas. »

Notion constitutive de la culture politique romaine, l’auctoritas désignait la capacité d’un individu ou d’un groupe, indissociable d’une position de prestige au sein de la cité, à donner un avis ou un conseil qui avait du poids et que l’on écoutait, à susciter et légitimer l’action d’autrui. Sur le plan des institutions publiques, les fonctions d’auctoritas, celles de sénateurs et de prêtres, contrebalançaient les fonctions coercitives des magistrats, détenteurs de potestas, avec ou sans imperium.

Or, à Rome, les citoyens supérieurs étaient par excellence les dieux. Peut-on pour autant vraiment dire, comme le propose H. Arendt, qu’ils exerçaient davantage une auctoritas qu’un pouvoir coercitif sur leurs concitoyens humains ? En essayant de répondre à cette question, la conférence cherchera à évaluer, à travers quelques études de cas, dans quelle mesure la projection théologique des termes institutionnels d’auctoritas, de potestas et d’imperium, pratiquée par les Romains eux-mêmes, est opératoire pour appréhender les relations entre hommes et dieux à Rome.

Intervenant(s)

Yann Berthelet

Université de Liège