Résumé
La séance commence par une récapitulation des propositions et des ambitions du cours de l’année dernière, autour de la notion de grammaire générative des possibles du politique au Moyen Âge. On a fait l’hypothèse que ses règles de transformation n’étaient pensables qu’à partir d’un foyer de production unique qui se situait hors du champ du politique, puisque le paradoxe du christianisme médiéval est qu’il confère l’autorité à ceux qui admettent l’indignité du pouvoir. De là, deux propositions également contre-intuitives : la première est que les sociétés médiévales vivent sous le signe de l’exceptio, et que la relative robustesse de la domination s’explique moins par la compacité contraignante de l’encadrement des hommes que par leur capacité à s’en extraire. La seconde est que le système des pouvoirs tient globalement parce qu’il rend possible, ou pensable, la possibilité d’un autre devenir politique, qu’il maintient à distance mais à vue, dans les lointains, les formes hétéropiques de communauté, ou les fictions. À travers la question des fictions politiques, se retrouve donc le problème de l’articulation entre narration et expérience. On se propose d’en introduire les principaux enjeux à partir d’un exercice de microlecture historienne : un extrait de la Vie de Saint Louis de Guillaume de Saint-Pathus où s’entend l’éclat de voix d’une dénommée Sarrete, mécontente de la politique royale.