Résumé
La discussion sur le concept même de Renaissance avait fait surgir lors de la séance précédente la figure, ou plutôt la préfiguration, de Pétrarque. En suivant la ligne de son regard qui, dans La Vie solitaire, critique dédaigneusement l’affairement des occupati, on tente de comprendre de quelles dérives politique se payent, chez les détenteurs du pouvoir intellectuel, la haine de la ville. Elle se double chez Pétrarque du mépris pour la scolastique, mais aussi de la détestation des femmes. Quand les hommes fuient, les femmes s’enferment : avec l’institution des recluses, les sociétés médiévales ont trouvé le moyen de thématiser leur hantise de l’urbanité et de la féminité. On se propose de saisir la vie urbaine depuis le regard de ces confinées volontaires que sont les saintes femmes d’Italie, à travers l’usceto de Claire de Rimini. Là se perçoit le bruit de fond de la société, ce que l’on pourrait appeler avec Georges Perec l’infra-ordinaire, « ce qui se passe quand il ne se passe rien », et éprouver avec lui l’impossibilité de la totalisation d’une vérité des lieux. Car le lieu est, selon la belle définition d’Étienne Helmer, « une surface plurielle d’événements ».