Résumé
Adopter le regard de la recluse permet de désassembler l’espace civique de la place italienne. Le cours de l’année précédente avait tenté de théoriser la notion d’emplacement (depuis la conception architecturale de la dislocation proposée par Adrien Goetz), envisagé comme cette capacité qu’à l’espacement à se retourner, à se soulever, pour devenir autre que lui-même. Dans ce cas, il faudrait comprendre que l’espacement est ce qui fait place à la liberté des femmes et des hommes, ce qui leur fait de la place et leur donne une place, en tant que cette place ne sera jamais assignée à l’avance et une fois pour toute. On tente de ressaisir toute l’histoire politique des places publiques dans l’Italie urbaine du XIIIe au XVe siècle à la lumière de ce concept, montrant notamment que sa monumentalisation et son embellissement architectural ne signifie en rien l’intensification de son fonctionnement civique, mais au contraire – et le plus souvent dans un contexte post-communal puis princier – sa dépolitisation. Ainsi l’espace de délibération se retourne-t-il en espace de célébration des pouvoirs, ce qui permet de s’interroger ultimement sur le paradigme archéologique et le principe d’analogie qui président aux analyses politiques des espaces urbains.