Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Considérer l’assassinat de Galeazzo Maria Sforza comme l’un des beaux-arts n’est peut-être qu’une des modalités de l’appréhension de ce que l’on a appelé la « crise de longue durée de l’exemplarité » depuis le XIXe siècle. D’où sans doute la nécessité d’affronter la question du retour du paradigme humaniste aujourd’hui, envisagé comme une « subtile tectonique du temps transfiguré en histoire présente » (Clémence Revest). À partir du rapport entre humanisme et rhétorique, expliquant la convergence des styles de gouvernement dans une configuration narrative indifférente à la forme institutionnelle des régimes politiques, et trouvant son expression dans la Vie des hommes illustres, on tente de résister à la tentation romantique de biographer l’époque. L’analyse du rapport de Stendhal à la violence politique dans l’Italie de la Renaissance sert ici à se déniaiser sur les rapports entre expérience et narration. Cesser d’être romantiques avec les tyrans du Quattrocento, c’est donc aussi renoncer à une histoire purement littéraire du tyrannicide.

Sommaire

  • De l’assassinat (de Galeazzo Maria Sforza en 1476) considéré comme un des beaux-arts : retour sur une lecture renversante
  • Passion lettrée, pulsion policière et pouvoir des mots
  • L’humanisme du XVsiècle, ou le « retour du paradigme »
  • Une « subtile tectonique du temps transfiguré en histoire présente » (Clémence Revest)
  • Le « mouvement » humaniste : nous les Italiens, nous les modernes, nous les dominants, nous les Romains
  • Thomas de Quincey, Lorenzaccio, le romantisme : une erreur de jeunesse  ?
  • Traquer les citations, de Stendhal à Voltaire : « Voilà ce que fut l’Italie » ou « voilà le XVsiècle » ? 
  • « Je dirais aux princes modernes, si glorieux de leurs vertus et qui regardent avec un si superbe mépris les petits tyrans du Moyen Âge : “ces vertus dont vous êtes si fiers ne sont que des vertus privées. Comme roi, vous êtes nul. Les tyrans d’Italie, au contraire, eurent des vices privés et des vertus publiques” » (Stendhal, Histoire de la peinture en Italie)
  • « J’ai écrit dans ma jeunesse des biographies (Mozart, Michel-Ange) qui sont une espèce d’histoire. Je m’en repens. Le vrai sur les plus grandes, comme sur les petites choses me semble presque impossible à atteindre, au moins un vrai un peu détaillé » (Stendhal, cité par Carlo Ginzburg, « L’âpre vérité. Un défi de Stendhal aux historiens », dans Le fil et les traces. Vrai faux fictif, 2010)
  • Cesser d’être romantique avec les tyrans du Quattrocento c’est donc aussi renoncer à une histoire purement littéraire du tyrannicide
  • Tyrannie d’exercice et tyrannie d’usurpation : le dilemme de la philosophie politique médiévale
  • De rebus gestis Francisci Sfortiae commentarii de Giovanni Simonetta et l’ambivalence de la mémoire césarienne au Quattrocento
  • Du sang d’avril (Lauro Martines) à l’assassinat politique (Renaud Villard)
  • Au XVsiècle, en Italie, l’idéologie humaniste « fait chuter le cours de l’expérience »
  • La convergence princière des styles de gouvernement : les vies des hommes illustres
  • « Cosimo di Giovanni de Medici était de très honorable naissance, d’une famille puissante ayant grande autorité sur la république » (Vespasiano da Bisticci)
  • « Les jeunes gens » : un néoplatonisme générationnel
  • Humanisme et rhétorique : quand les ambassadeurs milanais font humer au roi Charles VIII « des fumees et gloires d’Italie » (Commynes)
  • « … D’où provinrent, en 1494, de grandes frayeurs, de soudaines fuites, et d’étonnants désastres » (Nicolas Machiavel, L’art de la guerre, 1521).